Goldfrapp
Paris, Théâtre Marigny Robert Hossein, le 20 octobre 2008
Déjà passés par Paris en avril dernier, au Casino de Paris, les Anglais de Goldfrapp n'ont rien à vendre de particulier en ce 20 octobre 2008 : aucun nouvel album n'est annoncé pour le moment et le nouveau maxi tiré de l'impeccable Seventh Tree est proposé en téléchargement gratuit pendant une durée de quinze jours. Qu'est-ce qui pouvait donc pousser l'amateur lambda du groupe d'Alison Goldfrapp et Will Gregory, pour retourner les voir six mois seulement après un concert resté bien en mémoire ? Les forces de la motricité sont impénétrables – ou presque.
En réalité, plusieurs raisons présidaient à l'achat d'une place numérotée pour le modique prix de 60 euros (j'en entends qui s'étouffent, avec raison) : le lieu, inédit et inattendu, puisque Miss Goldfrapp a choisi cette fois-ci d'investir un quartier huppé, à deux pas de l'Elysée, pour se produire au Théâtre Marigny – Robert Hossein ; la perspective d'un concert très différent du précédent, également, puisque l'on annonçait un orchestre de cordes, ce qui, ajouté au fait que les places seraient assises, laissait entrevoir un set calme et posé, voire acoustique.
Autant le dire tout net, on a été déçu. Passons les problèmes d'organisation, dont le groupe n'est sans doute pas responsable (pourquoi nous faire venir à 18h30 si c'est pour débarquer sur scène à 20h45 ?), passons les petits incidents sonores, passons la mollesse des fauteuils et les problèmes de visibilité de la scène, même au cinquième rang. C'est le contenu du show qui a chagriné. En deux mots : trop court. Beaucoup trop court, même. Une heure quinze de concert, aucun rappel : au prix de la place, c'est tout simplement scandaleux.
Evidemment, difficile de reprocher quoi que ce soit à Alison Goldfrapp elle-même, dont on n'a peut-être pas suffisamment souligné le caractère exceptionnel de la voix, trop occupé à tenter de voir sa culotte sous sa tunique bouffante d'Arlequin (ne cherchez pas : elle porte un mini-short). Bien sûr, elle fait la gueule, Alison, mais elle est comme ça. Et tant qu'elle assure vocalement, de ce timbre lascif si particulier, on ne peut que lui pardonner.
Point positif, Goldfrapp, avec sa mini-chorale cervidée, sa harpe, ses violons, ne sonnait pas tout à fait comme sur disque ce soir. Si l'on peut reprocher au groupe de se transformer en secte néo-baba, au même titre que les Magic Numbers ou I'm From Barcelona, loin de la sophistication des précédents albums, on ne peut que s'incliner devant la majesté qui se dégage de titres anciens comme "Utopia" ou "Paperbag", juste sublimes, ainsi que devant l'efficacité champêtre des morceaux du dernier album, dont on a toutefois déjà souligné la tendance à se vautrer ici ou là dans la FM fadasse ("Happiness" en tête).
Malheureusement, la configuration du show ne permettait pas au groupe de jouer ses morceaux les plus enthousiasmants, c'est-à-dire les plus dansants : avec un public assis, à quoi bon jouer ces "Strict Machine", "Train" ou "Twist" issus de Black Cherry ? On a bien eu droit à "Deep Honey" et "Ooh La La" (Supernature), mais dans des versions légèrement différentes et moins dynamiques que sur galette. On s'y attendait, on n'a donc pas été surpris.
Bref, un sentiment d'amertume s'est donc emparé du brave auditeur lambda, partagé entre l'envie de reconnaître à Goldfrapp le talent qui se dégage de cette prestation et celle de lui jeter des tomates compte tenu du gros foutage de gueule tarifaire et du service scénique minimum (encore une fois, pas de rappel, ce qui est tout simplement écoeurant). C'est là qu'on se dit que des fessées se perdent.