Goldfrapp
Paris, Casino de Paris, le 16 avril 2008
C'est fou comme notre perception des choses peut être faussée, parfois. A voir la foule en délire, ce soir au Casino de Paris, pour accueillir Goldfrapp (concert complet depuis des semaines), on pourrait penser que le groupe remporte un grand succès en France en ce moment, quelques semaines après la sortie de leur quatrième album, l'excellent Seventh Tree. On pourrait même penser que le groupe vend des cartons de cette galette franchement réussie, aux critiques très favorables, qui figurera sans doute dans nombre de tops 20 de cette année, quand on fera le compte en décembre prochain.
Pourtant, en se rendant sur le site du Syndicat National de l'Edition Phonographique, on s'aperçoit que, pour la semaine du 5 au 12 avril 2008, Seventh Tree est classé… 161ème du top albums, loin derrière Duffy et son Rockferry, le dernier album des Babyshambles, même derrière In Rainbows de Radiohead, sorti il y a maintenant plus de quatre mois… Encore plus loin derrière Amel Bent et Cali, mais là on ne préfère même pas en parler. Son meilleur classement a été 37ème, la semaine de sa sortie.
Sans parler de four commercial (on ne connaît pas les chiffres de vente exacts), force donc est de constater qu'il existe un hiatus entre ces chiffres officiels et la ferveur d'un public nombreux, son enthousiasme, tout à fait palpable, entre l'impatience qui a précédé l'entrée en scène d'Alison Goldfrapp et de sa bande (6 personnes en tout), tous habillés en pyjama blanc (rose pour Miss Goldfrapp, dans une tunique bien peu longue – jolies cuisses et joli popotin au passage… sans parler des pompons), et la tristesse de voir quitter le groupe après à peine une heure et demi de concert, alors que plein de morceaux manquaient à l'appel – "Twist", "Train", "Lovely Head", "Koko", toutes celles qu'on aurait aimé entendre ce soir.
Enthousiasme, donc, mais surtout pour la période disco glam du groupe – clairement. Si la setlist fut composée pour l'essentiel des titres du dernier album, "A & E", "Happiness", "Road to Somewhere", etc., fort bien interprétés au demeurant, harpes et flûte à l'appui, mais parfois légèrement ronflantes, le public a nettement montré sa préférence pour les "Satin Chic" et autres "Ooh La La" de la période Black Cherry / Supernature. Honnêtement, on le comprend. Les morceaux les plus calmes du groupe ne se prêtent peut-être pas à un concert debout. On les apprécie d'autant plus au fond de son lit.
Sur un fond visuel oscillant entre le kaléidoscope psychédélique et les séquences bucoliques dans la forêt, Goldfrapp a livré ce soir un show très professionnel, peut-être un peu trop sage, alors que son répertoire lui aurait permis de mettre le feu à une foule qui ne demandait qu'à danser, qu'à sauter, qu'à s'amuser. On le sait, Goldfrapp a deux visages. Ce soir, il avait revêtu celui du gentil petit écolier. Ou plutôt, de la gentille petite écolière. Mais courte, la jupe.