Ghinzu
Paris, Bataclan, le 3 avril 2009
C’est désormais officiel, les Belges de Ghinzu sont des stars en France. Il aura fallu attendre la sortie de Mirror Mirror après cinq années d’attente, ou plutôt la simple annonce de la sortie du disque, pour mesurer l’ampleur d’un phénomène qui n’en finit pas de surprendre : concerts complets en quelques jours, matraquage radio, omniprésence dans les festivals estivaux qui se les arrachent, et déjà un Zénith programmé à Paris au mois d’octobre… Autant dire que pour son grand retour sur scène dans la capitale, le groupe était attendu au tournant par un public chaud bouillant et brassant large, de l’indie-kid à la mèche rebelle au quadragénaire en sueur dans son 3 pièces Kenzo.
Le pari était d’autant plus osé qu’initialement prévu pour le 16 mars, le 3ème album des belges n’est finalement paru que le 30 mars, soit à peine 4 jours avant ce Bataclan archi-complet. Quatre jours pour apprivoiser un tel bestiau, c’est peu, mais cela n’a pas empêché le public parisien d’accueillir les cinq musiciens comme des messies, avec une ferveur pas vue depuis les premiers concerts de Muse - c’était à une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Et en enchaînant d’entrée de jeu les deux singles annonciateurs de Mirror Mirror, "Cold Love" et "Take It Easy", le groupe met tout le monde d’accord : gros son, gros jeu de lumière, assurance de rock star, une once de retenue, une bonne dose de morgue… En moins de dix minutes, le Bataclan est en nage et Ghinzu peut dérouler sans complexe la majeure partie de son nouvel album, avec à peine un petit "High Voltage Queen" intercalé pour faire bonne figure.
D’ailleurs, le moins que l’on puisse dire, c’est que les nouveaux morceaux sont taillés pour le live, même si tout n’est pas encore rodé et que l’explosion sonore de la chanson-titre n’est pas aussi jouissive qu’espérée. Là où sur disque, la construction de l’ensemble et les enchaînements des titres peuvent paraître un peu poussifs, sur scène tout est plus simple, plus décomplexé, plus fluide, plus fun. Bref, il n’y a déjà plus un poil de sec dans la fosse quand le groupe se décide enfin à plonger la salle dans un pur délire collectif, en enchaînant coup sur coup "The Dragster-Wave", "21st Century Crooners" et "Do You Read Me ?".
A cet instant, les Belges sont définitivement lâchés, et si le reste du concert n’atteindra plus jamais ce degré d’intensité, on se surprendra à prendre son pied comme… comme… comme on aurait aimé prendre son pied lors du dernier passage de Franz Ferdinand par exemple. Et ce n’est même pas un "Blow" à moitié foiré qui viendra gâcher ces retrouvailles, le groupe revenant immédiatement après ce mini-couac pour une reprise de "I Wanna Be Your Dog" d’anthologie, avec slam de John Stargasm et éclatage de guitare par Mika Nagazaki en guise de conclusion. Les ‘song warriors’ sont de retour et on sait maintenant pourquoi ce sont des stars en France !