Concert

Flying Lotus

La Machine du Moulin Rouge, le 6 novembre 2012
par Aurélien, le 27 novembre 2012

En quatre albums qui sonnent comme autant d'aller-retour entre la Terre et le cosmos, Flying Lotus a imposé sa midas touch en se posant comme le rejeton inavoué de J Dilla et Dabrye. Conscience bien dans son époque et doué d'une esgourde fine, le natif de Los Angeles n'a jamais eu peur de se pencher sur les mutations de la bass music pour pimenter son hip-hop d'une autre galaxie. Et sa prestation de début novembre à la Machine du Moulin Rouge en sera le plus parfait témoin : en dépit de problèmes d'hypertension qui ont fortement dégrossi les dates de sa tournée européenne, le producteur enverra ce soir-là un set hyperactif qui nous fera quitter le système solaire durant une grosse poignée de minutes. On en demandait pas tant.

Ce sont les plus ponctuels qui pâtiront ce soir du retard d'un FlyLo qui se laissera désirer près de deux heures. Mais quand le rideau s'ouvre finalement et que le monstre de deux mètres se pointe derrière son laptop, les bras en l'air et un large sourire aux lèvres, la petite salle oublie son agacement, et c'est l'excitation qui prend place devant l'ampleur du spectacle proposé. Joliment mis en scène par deux écrans interactifs, le VJing inspiré par 2001 Odyssée de l'Espace du talentueux Dr. Strangeloop n'aura de cesse d'enrichir toute l'imagerie cosmique des beats de FlyLo. Et c'est peu dire que le spectacle est total: sans jamais faire trop d'ombre à Amon Tobin et son incomparable live show tout en marchant dans la même direction, le beatmaker offre une prestation à mi-chemin entre le live et le DJ set où il pioche avec astuce dans le meilleur de sa discographie pour servir un set dynamique, garanti sans temps morts. Pas étonnant donc, au beau milieu de ce set best-of, de croiser Clams Casino caressant les infrabasses graisseuses de Posij et Two Fingers, ou encore d'entendre Jay Dee se faire violemment bousculer par TNGHT et Kendrick Lamar. Ce n'est que pour mieux faire monter l'excitation d'une foule déjà incandescente après un quart d'heure de concert. Et bien que mise à mal par l'entremise d'un écran entre lui et le public, la proximité entre le beatmaker et son public ne faiblira que peu, celui-ci passant derrière de temps à autres pour checker quelques mains, prendre la température avant de repartir hilare triturer ses meilleures boucles. Difficile de plaindre son quotidien.

C'est une prestation intelligente qu'a prodiguée l'ami FlyLo face à son auditoire parisien, l'excitation ne faiblissant jamais pendant l'heure et demie d'un set qu'on a trop rapidement senti passer – et ce, tout en étant conscient que l'on n'aurait probablement pas pu encaisser ne serait-ce qu'un quart d'heure de plus. Vu les litres de sueur déversées à bondir, faire le robot, ou se casser la nuque au son des nombreux moments de bravoure, difficile d'adresser un grief à Steven Ellison. Mieux vaut plutôt attendre une prochaine date pour reprendre le même bol de fat que celui qu'on s'est enfourné ce mardi 6 novembre. On vous y retrouve?