Ez3kiel
Agora (Cherbourg), le 22 novembre 2008
Deux styles pour une même soirée en ce 22 novembre à l'Agora, à Cherbourg. Tout d’abord, Adam Kesher en première partie. On attendait beaucoup du groupe bordelais dont les retours scéniques semblaient plutôt positifs. Durant 45 minutes, Adam Kesher alterne les titres dance-punk avec des morceaux plus pop. Après 15 minutes de concert, une impression commence à se faire persistante : le son est brouillon et bruyant. Est-ce la faute du groupe ou de la salle ? Il apparaît vite que la salle n’est pas du tout, mais alors pas du tout du tout (!!!) conçue pour des concerts amplifiés, même pour une personne qui n'est pas un puriste du son. Le chanteur Julien a beau se démener pour faire passer un message, on ne comprend pas toutes les paroles. Dommage, car sa voix aux inflexions proches de celle de Jarvis Cocker aurait mérité mieux. Quelques moments sont quand même à sauver, en particulier lorsque les six bordelais font durer le plaisir et développent un son résolument électrique. On aurait aimé voir cela dans d’autres conditions.
Compte tenu de ces conditions acoustiques très pauvres, il restait à savoir à quelle sauce nous serions mangés lorsqu'Ez3kiel apparaîtrait sur scène. Connaissant la méticulosité du désormais quartet en matière de son et d'image, le crash semblait pointer le bout de son nez. Et dans l’ensemble, cela a été le cas, mais pas à un degré aussi important qu’on pouvait le craindre. L’entrée se fait avec "Adamantium", titre qui introduit le dernier album du groupe, Battlelfield. Le son est lourd, gras, pesant. On est loin du dub des débuts. Et le set se poursuit avec "Volfoni’s Revenge", petite merveille réarrangée sur Battlefield, mais issue initialement de Naphtaline. On passe de moments délicats, intimes, à des instants purement bruyants, voire inaudibles. Le hardcore revient régulièrement comme un boomerang. Vous imaginez, avec les conditions acoustique déplorables, ce que cela a pu donner !!! Pourtant, on adhère à ce qui se produit sur scène. En tout cas, lorsque l’on connaît bien le groupe. La rythmique , avec les deux batteries, est omniprésente et est devenue un élément fondamental du groupe. Visuellement, tout est toujours parfait. Les travaux multimédia de Yann n’Guéma (également bassiste) sont toujours aussi rigoureux et interactifs. La fin du concert sera, en la matière, une apothéose : un ballon en plastique d’environ 2 mètres de diamètre est envoyé dans la foule. Ce ballon "sauteur", muni d’un capteur sensoriel est aussi musical : à chaque rebond, il produit un son de berceuse qui ravit le public, friand de ce genre de manifestation. Le ballon rebondit ainsi dans toute la salle pendant que les quatre musiciens jouent ce qui sera la conclusion de leur set. Cette fin n’était pourtant pas vraiment la bonne pour une simple et bonne raison : "Versus" n’avait pas encore été joué. C’est donc tout naturellement lors du rappel que le titre phare du groupe achevait cette soirée potentiellement géniale, mais qui dans les faits, à cause d’une acoustique de salle des fêtes, laissait un goût amer. Dommage.