Concert

Death In Vegas

Le Bikini, le 3 novembre 2011
par Michael, le 7 décembre 2011

Comme beaucoup de personnes présentes ce soir au Bikini pour le concert de Death In Vegas, j'en étais resté à Scorpio Rising et son electro-rock-psychédélique et je n’avais pas suivi le reste des aventures du duo - en son temps l'un des plus tendances en son genre. Le groupe avait en effet trouvé sur son troisième album une identité qu’il semblait laisser de côté au profit d’une musique plus abstraite et electro qui nous aura laissé sur le côté de la route. Et pourtant, c’est bien l’énergie et la chaleur sonore des premiers albums que l’on ressentira ce soir-là et non un set de DJ caché derrière son laptop.

C'est Dona Confuse, les locaux de l’étape, qui ouvrent ce soir, right on time. Il y a de l’énergie, et les musiciens se donnent dans un set court et intense. Le problème, c’est que leur musique reste assez froide et distante. On a parfois l’impression d’assister à un collage trop parfait entre un Archive période You All Look The Same To Me, un Radiohead période Kid A et le Pink Floyd de la décennie 70. En somme, une musique qui se veut ambitieuse (longs morceaux, refus du schéma classique, longues digressions instrumentales) mais le supplément d’âme en moins. L’élève a bien appris sa leçon et maîtrise bien son sujet, mais ça sent trop le par-cœur.

Autre surprise du soir : Richard Fearless, désormais seul rescapé du duo originel formé avec Tim Holmes, joue de la guitare, des claviers et surtout chante (essentiellement les titres du dernier album) et on se demande pourquoi il s’en était privé jusque-là tant sa voix colle parfaitement aux ambiances claustrophobiques de sa musique. Grave et maniérée, elle sonne parfois comme du Iggy Pop en plus habillé. Le set commence avec deux classiques:  « Leather » puis un « Girls » tout en apesanteur sur lequel s'enchaîne le très bon « Dirge » avant un « Your Loft My Acid » qui viendra d’emblée balayer toutes nos réticences quant aux titres du dernier album, tant la version sur scène de ce morceau suinte le groove et la sensualité cotonneuse.

Avec un appareil finalement réduit (un bassiste, un clavier-bidouilleur, un batteur et un guitariste tout droit sorti de Spinal Tap) le groupe parvient à délivrer des versions puissantes et vraiment intéressantes de ses morceaux. Il ose prendre des risques et ne joue pas la carte de la relecture trop appliquée. On assistera ainsi à une version tout simplement bluffante de "Death Threat" pendant laquelle la salle est plongée dans un bleu nuit du meilleur effet. Autre moment de bravoure: un « Aisha » entièrement revisité, d’une densité et d’une intensité remarquables, pendant lequel on a l’impression d’avoir du mercure qui coule dans les oreilles, le tout renforcé par un déchaînement de stroboscopes et de lumière ultra blanche. Le public réclamera en fin de concert « Hands Around My Throat » (le titre le plus malsain de Scorpio Rising), et l’aura lorsque les musiciens reviendront sur scène pour le rappel.

Au final, on aura donc passé un très bon moment, le seul regret venant du fait que la salle sera restée très clairsemée. Alors certes, Death In Vegas n’est plus le groupe hype et couru qu’il fut à l’époque de ses deuxième et troisième albums, mais on aurait quand même imaginé qu’un peu plus de monde aurait fait le déplacement.