Daughter
Botanique, Bruxelles, le 4 avril 2013
Sans vraiment prendre le temps de savourer les critiques élogieuses qui ont accompagné la sortie de leur If You Leave, les trois membres de Daughter se sont logiquement lancés dans une tournée de défense et d’illustration de ce premier album. L’itinéraire sera long, puisque le groupe écumera les festivals cet été, et que des dates sont prévues jusqu’à octobre : l’une de ses étapes avait lieu sous les serres bondées du Botanique de Bruxelles, où Elena Tonra a pris ses quartiers le temps d’un soir, histoire de renforcer l’atmosphère automnale de cet étrange printemps.
Assurée par Bear’s Den, qui suivra Daughter jusqu’à la fin du mois d’avril, la première partie propose une introduction folk qui se révèle aussi minimaliste qu’efficace, comme en témoigne la réception favorable d’un public où les Ray Ban, les barbes et les chignons coiffés-décoiffés dodelinent en rythme. Par moments, les titres dévoilés par Bear’s Den durant la demi-heure qui lui est dévolue sonnent comme des ballades du regretté Thomas Hansen, dont la mélancolie aurait été relevée par des accords de banjo. On note le nom du groupe dans un calepin, on épingle en particulier le morceau “Pompeii” et on se dit qu’on risque d’en reparler.
Daughter prend rapidement place sur scène. Pour l’occasion, le trio est escorté d’un quatrième membre, multi-instrumentiste. L’accueil réservé au groupe est chaleureux : le titre liminaire d’If You Leave, “Winter”, ouvre le set et est directement salué par des applaudissements nourris. Étrangement, ceux-ci paraissent déstabiliser Elena Tonra, pourtant habituée aux salles combles, mais qui ressemble quelquefois à un écureuil surpris par les phares d’une voiture. Difficile, vu la masse de cheveux qui les cachent, de dire si ses yeux sont embués, mais le tremblement de sa voix est aussi perceptible que surprenant au moment où elle prend la parole pour remercier le public. Tout au long du concert, la chanteuse se fendra de “thank you” enjoués et de prises de paroles maladroites, qui amuseront beaucoup l’audience.
Ce sera moins le cas d’Igor Haefeli, maniant avec talent l’archet et la guitare, et qui a parfois l’air agacé par les approximations de sa comparse. Présentant ses excuses, après quatre ou cinq morceaux, pour les problèmes techniques rencontrés par le groupe, il paraît peu apprécier qu’une Elena hilare lui rétorque “Have we ? I didn’t even notice…”, comme il semble s’irriter quand elle oublie les paroles au beau milieu d’un morceau et réclame l’aide du public.
Les titres, pour autant, s’enchaînent avec simplicité et grâce, et le groupe passe en revue le petit répertoire que forment ses deux EP et son premier effort. On apprécie tout particulièrement l’enchaînement remarquable des éthérés “Still”, “Candles” et “Lifeforms”, qui cède la place à l’antithétique “Human”, dont les arrangements sont aussi joyeux et légers que les paroles sont cafardeuses.
On croit à la fin du set quand, après ce qui ressemble à un bouquet final (une articulation de l’excellent “Youth” et d’une version explosive de “Home”, qui ouvrait l’EP The Wild Youth), le groupe regagne les coulisses. Les lumières se rallument et le public commence à évacuer la salle, mais le quatuor refait surface quelques instants plus tard : comme un ultime cadeau au public belge, Elena annonce une expérimentation déjà éprouvée récemment pour un live sur la radio BBC One et entonne une reprise du tubesque “Ready For The Floor” de Hot Chip. On ne l’avait pas vu venir. Et c’est une excellente façon de conclure.
1. Winter
2. Love
3. Amsterdam
4. Tomorrow
5. Landfill
6. Run
7. Still
8. Candles
9. Lifeforms
10. Human
11. Smother
12. In the Shallows
13. Youth
14. Home
Rappel
15. Ready For The Floor