Ardentes 2010
Liège, le 8 juillet 2010
Du côté de Liège et de ses Ardentes, c'est certain, on ne fait pas les choses à moitié. Cela fait maintenant cinq ans que le festival existe, et si les organisateurs parlent dans leur dossier de presse d'une croissance contrôlée, il est évident que depuis sa première année, le festival voit grand et affiche des ambitions claires que l'on pourrait résumer comme suit: devenir une sorte de Pukkelpop wallon, toutes proportions gardées. Et s'il est vrai qu'on reste admiratif chaque année devant l'affiche du festival flamand, son évolution vers des cimes de moins en moins alternatives a de quoi décevoir (la preuve avec l'affiche 2010) et doit dès lors servir de mauvais exemple pour les Ardentes.
Visiblement, le message avait été bien reçu du côté de Liège, puisque cette année, l'affiche concoctée était tout simplement somptueuse pour les amateurs de bonne(s) musique(s), avec juste ce qu'il fallait de noms fédérateurs susceptibles d'attirer une foule davantage moins regardante sur le contenu. A ce sujet, on se félicite de certains choix opérés par le festival qui, on l'avait notamment vu l'année dernière, ressemblait un peu trop à « the place to be » pour des gens considérant le site comme un endroit où siffler des bières avec une musique de fond: hormis peut-être une Camélia Jordana qui n'a finalement pas trop démérité, la cuvée 2010 des Ardentes mettait en évidence des artistes un peu moins vendeurs (tout étant bien sûr relatif) comme P.i.L., Pavement ou Julian Cabalancas. Et c'est bien mieux ainsi.
On vous le disait quelques lignes plus haut, à Liège, on ne fait pas les choses à moitié, et cela vaut aussi pour le temps. Alors qu'il y a deux ans, c'était des trombes d'au qui s'étaient abattues le premier soir sur le site (ceux qui ont assisté au concert de Trentemoller s'en souviennent), rendant celui-ci tout bonnement impraticable pour le reste du festival, cette année, c'est la chaleur qui a joué des tours aux festivaliers et aux organisateurs. Entre le cagnard de la grande scène et les bulles d'air vicié qu'étaient les deux salles intérieures (avec une mention spéciale pour l'irrespirable Aquarium), il fallait vraiment être courageux pour s'intéresser à autre chose que les groupes pour lesquels on avait vraiment fait le déplacement. Mais au final, cette température dépassant allégrement les 30° s'est aussi révélé être un allié du festivalier dérangé par la foule: malgré d'excellentes ventes et un quasi sold out, la vague de chaleur a permis un certain écrémage des troupes, beaucoup de gens opérant des coupes claires dans leur programme - quand certains ne préféraient pas rester dans leurs pénates, à l'ombre du ventilateur.
Bref, prises dans sa globalité, Les Ardentes 2010 furent une réussite – une de plus pour les équipes du duo Fabrice Lamproye / Gaëtan Servais. Hormis une communication parfois défaillante (un maigre stand info, pas de panneaux électroniques d'affichage permettant d'être tenu au courant des annulations/modifications d'horaire), l'énorme coupure de courant du samedi soir (deux heures quand même!) et la multiplication assez désagréable de stands promotionnels avec leurs DJ's maisons (à mort Joe Piler et son foutu saloon!) qui ont trouvé là un moyen détourné d'en être et dont le seul but est de vous gâcher le peu de temps de répit qu'il vous reste entre deux concerts avec des sets convenus et putassiers, pas grand chose à signaler. Même l'utilisation, exceptionnelle pour ce genre d'évènements, de gobelets réutilisables et consignés s'est passée sans encombre et devrait donner des idées à d'autres.
Mais on en oublierait presque l'essentiel, la musique. Avec trois valeureux représentants, notre équipe a été en mesure d'assister à une belle brochette de prestations en tous genres. On le sait, les festivals sont souvent propices à des concerts de qualités diverses, quand les chevauchements des horaires vous permettent d'y assister dans leur entièreté. Et puis les festivals, ce sont aussi (et surtout) beaucoup de concerts moyens et/ou anodins sur lesquels nous n'allons pas nous appesantir. Evidemment, il y a bien les trucs qu'on a vu et qu'on aurait peut-être pas dû aller voir (Crystal Castles, Sound of Stereo), ceux qu'on a pas vu et qu'on regrette un peu (Mattias Aguayo, Ian Brown, Broken Social Scene), ceux qu'on n'a bien fait de ne pas aller voir (Missy Elliott), ceux qu'on a vu mais qu'on a pas vraiment entendu (inaudible Pharell Williams avec N.E.R.D.) et les trucs qu'on a été voir par hasard et qui nous ont bien fait rire (Saez, le vrai champion du monde du dimanche soir). Mais au milieu de tout cela, il reste après moult délibérations une dizaine de concerts mémorables, que nous aurons goûté du début à la fin, et qui auront marqué les Ardentes de notre rédaction, et ce pour des raisons diverses que l'on vous propose de découvrir tout de suite!