YOD Wave
Your Old Droog
Pour Your Old Droog, les exercices comptables se suivent et se ressemblent. Et on ne parle pas ici d’aller fouiller dans ses extraits de compte, mais plutôt de la régularité avec laquelle le MC new-yorkais nous abreuve en nouveaux projets. Rien qu’en 2021 il a livré 4 albums tous aussi bons les uns que les autres – avec une petite préférence pour Space Bar sorti en toute fin d’année, et Tha Wolf on Wall Street en collaboration avec Tha God Fahim.
D’ailleurs, c’est avec un second volume de la série que Your Old Droog a très mal commencé son année 2022 : aucune bonne idée à l'horizon, et aucune envie de faire le travail correctement pour un disque qu’on a vite oublié. Ce qui ne sera pas le cas de YOD Wave, tout nouveau mini-album de même pas 20 minutes qui le voit s’associer à Nicholas Craven, un producteur inconnu de nos services mais bien connu de Mach-Hommy ou Roc Marciano qui ont déjà fait sollicité ses services par le passé. Son créneau à lui, ce sont des productions old school et riches en samples, ce qui a pour conséquence de mettre plus en exergue que jamais les ressemblances vocales indéniables entre Your Old Droog et Nas. Est-ce problématique ? Pas vraiment, dans le sens où Your Old Droog n’en joue pas et n'en a pas fait un plan de carrière - c'est même plutôt le contraire. Par ailleurs, les présences de Mach-Hommy (phénoménal de justesse sur le refrain chanté de « Scooby Snacks ») et Tha God Fahim (dont le flow est plus traînant que jamais sur « Black N Red Huaraches ») parviennent à détourner notre attention de ce qui pourrait être considéré comme une faiblesse de ce YOD Wave. Mais ce serait faire insulte aux talents de Your Old Droog : moins incisif et précis que celui de Nasir Jones, son flow travaille sur un autre rythme, sur une autre musicalité – le léger retard qu’il prend sur la production du mélancolique « Lost Love » en dit finalement assez long sur sa façon de rapper.
Chose remarquable dans un rap gangréné par l'ego, Your Old Droog avance avec une humilité de tous les instants, le plus loin possible de ces projecteurs qui semblent le rebuter. C'est à la fois regrettable, et tout à fait louable. Pourtant, en écoutant YOD Wave, disque à la replay value incontestable, on se dit que le gars a trouvé sa place, et qu'on ne lui en voudra pas un seul instant si il ne la quitte pas.