Whitewater
Transit
Le post-rock n’est peut-être pas le genre musical qui suscite le plus de vocations auprès des petits belges. Ceci étant dit, les rares musiciens issus du plat pays qui ont tenté leur chance dans ce milieu s’en sont plutôt pas mal tirés, comme en témoignent les derniers efforts des Wallons de Sweek ou des Flamands de Tomàn. Aujourd’hui, c’est au tour des Gantois de Transit de rentrer dans la danse avec leur premier album, Whitewater, pour le compte du discret mais toujours intéressant label Zeal Records. En effet, après un premier EP (Broadleaves Vs Conifers) passé inaperçu et des premières parties, plus remarquées celles-là, pour 65daysofstatic ou Liars, le moment est donc venu pour les Flamands de nous montrer ce qu’ils ont dans le ventre.
Quatuor occasionnellement aidé par quelques amis, Transit est une formation jeune qui n’a peut-être pas encore assez de vécu pour se forger un son et une identité qui lui soient propres. Cependant, cela n'a certainement pas empêché ses membres d'étudier avec beaucoup d'attention les enseignements dispensés par les maîtres en la matière que sont Explosions in the Sky ou Mono, et d'ajouter à l'ensemble une petit touche personnelle qui se fait, il faut bien le reconnaître, trop peu entendre sur Whitewater. Chargée en émotions et en déflagrations, la musique de Transit se vit comme tout bon disque de post-rock qui se respecte: le voyage est tantôt reposant, tantôt mouvementé, mais jamais ennuyeux. Et bien qu’on sente chez ces quatre jeunes gens une maîtrise assez impressionnante de leur sujet, c’est lorsqu’ils s’éloignent quelque peu des sentiers battus qu’ils séduisent le plus. En effet, de bout en bout, le groupe défie avec beaucoup de raffinement les codes en vigueur depuis de nombreuses années pour insuffler à son post-rock une légère dose de pop qui rend l’ensemble encore plus beau. Et si ces incises sont souvent très (trop) discrètes, lorsqu’elles dominent le morceau, comme sur le magnifique « Thor » et ses cœurs ensorcelants ou un « Lucas » qui aurait sa place sur n’importe quel album de Sigur Rós, on sent clairement que Transit a un petit quelque chose en plus capable de le propulser vers des sommets.
S’il est évident que les amateurs de post-rock trouveront allègrement leur compte sur Whitewater, ceux qui en demandent un peu plus à un genre qui à parfois tendance à se complaire dans l’immobilisme comprendront vite que ce disque-là entrouvre des portes que le groupe ne devrait pas se gêner d'enfoncer sur son prochain effort.