Where Have You Been All My Life?
Villagers
C’est moche de vieillir. Déjà à 36 ans, on sent que l’organisme a pas mal trinqué. A mon petit niveau, ça veut dire que mon dos m’envoie assez rapidement chier si je me retrouve à faire le piquet à un concert un peu trop calme, où les mouvements du corps se résument à quelques activités peu calorivores (me ronger les ongles, me curer le nez, me gratter le fion, boire des bières).
Dans ce contexte, autant vous dire qu’aller à un concert de Villagers dans une salle où il n’y a pas de places assises n’est plus une perspective qui m’enchante. Aussi, la sortie de ce nouvel album de Conor O’Brien a de quoi me réjouir : enregistré en un weekend au RAK Studios de Londres, Where Have You Been All My Life ? a tout de l’album live - sans en être vraiment un. Je m'explique.
Il a tout de l’album live, parce que les titres ici présents ont été enregistrés en deux prises et sans le moindre overdub d’abord. Ensuite, le songwriter irlandais ne puise que dans son back catalogue. Hormis le titre qu’il a écrit pour Charlotte Gainsbourg et une reprise inédite de Jimmy Webb, tout se retrouve dans les trois très bons albums qu’il a livré à Domino ces dernières années.
Par contre, là où Villagers assure le fan service et nous donnerait presque envie de considérer ce disque comme un album à proprement parler, c’est en livrant dans un ballet d’une surprenante homogénéité de nouvelles versions de 12 de ses titres. Loin d’être une pantouflardise coupable pondue par un songwriter au fond du trou, Where Have You Been All My Life ? présente le travail de Connor O’Brien sous un jour nouveau, encore plus sensible et touchant qu’à l’accoutumée. La démarche acoustique déborde certes de bons sentiments et est prévisible au possible, mais elle n’accouche à aucun moment d’un résultat qui pue la complaisance ou la facilité. C’est même tout le contraire. Et c'est peut-être ce qui fait que j'aime autant Villagers
Après, que les choses soient claires: Where Have You Been All My Life? s'adresse d'abord aux fans de Villagers. Mais ça tombe plutôt bien pour Conor O'Brien, car on sait qu'ils sont nombreux et on comprend pourquoi: derrière une musique que l'on pourrait aisément taxer d'inoffensive et prévisible, derrière un produit très poli et un peu trop policé se cachent un talent immense et la sensibilité d'un artiste qui a toujours su trouver le moyen de nous toucher sans jamais en faire des caisses.