When a Banana Was Just a Banana
Josh Wink
L'année 2009 risque de nous gâter largement en termes de sorties techno. Outre le futur album de Laurent Garnier qu'on attend pour mai, c'est Josh Wink qui dès à présent fait son retour après cinq années de silence – depuis 20 to 20. Pour revenir brièvement sur son parcours, Josh Wink est l'auteur de "The Higher State of Consciousness", titre culte de l'acid music et immense succès dancefloor en 1995. Depuis cette tuerie, il n'a cessé d'assurer ses arrières : grande pérénité de son excellent label Ovum Recordings (avec dans sa structure des gens comme Tom Pooks ou Loco Dice), sortie régulière d'albums de qualité et une aura toujours plus protégée – David Bowie lui aurait même fait savoir son admiration ! Il ne faut par conséquent pas considérer When a Banana Was Just a Banana comme un retour inespéré, comme une tentative de papa de faire copain avec les enfants ; la carrière de Wink est stable, solide et réfléchie. En grand pape de l'acid, il aime bien faire savoir son hygiène de vie : pas d'alcool, pas de tabac, pas de drogue et même pas de viande. Il garde la tête froide – il a même coupé ses dreads pour nous le prouver – et ça se ressent dans l'étonnante maturité de son nouvel album.
Wink est aujourd'hui un des plus crédibles à faire le lien entre la tradition 90's et la modernité berlinoise. Autant Hardware que Software, il compose et produit en associant logiciels de pointe et bons vieux Roland TB-303 (le son acid par excellence), d'où son bel équilibre entre l'authenticité old-school et les nouveaux trésors technologiques. Il n'oublie en effet jamais que ce qui prime avant tout, c'est d'écrire des thèmes, des lignes de basse ou de clavier qui signent un morceau et lui donnent une identité forte. C'est précisément là que Josh Wink devance tous ses jeunes contemporains : plutôt que de tomber dans un marasme tech-house minimale où tout se noie dans la surproduction, il s'efforce encore de proposer des hymnes à l'ancienne, complètement fédérateurs, qui prennent juste de l'ampleur et de l'énergie avec des breaks ultra-complexes et des effets qu'on n'aurait jamais pu entendre il y a dix ans. Relifter le vieux avec du neuf en quelque sorte.
De tout cela découle une immense machine à danser. When a Banana was just a Banana ne laisse aucun répit (pour en être sûr l'album est même mixé) : on approche les 80 minutes d'une techno à la fois acid et tribale, traversée d'humeurs plus deep ("Jus' Right") ou chaleureuses ("Stay Out All Night"). Sans jamais de coup de mou. Avec en plus quelques casse-rotules monumentaux comme "Counter Clock 319" et "Hypnoslave". Le tout formant un ensemble terriblement massif et homogène, une sorte de Bambusbeats (l'album de Gabriel Ananda) en plus primitif. Que demande le peuple ?