We Got A Love

Shit Robot

DFA Records – 2014
par Yann, le 4 juin 2014
6

Les premiers maxis de Shit Robot avaient créé, pour cet Irlandais du label DFA exilé à NYC, une attente démesurée. Celle-ci avait, forcément, été déçue par le premier LP The Cradle to the Rave, trop pop et trop lisse. La hype vite venue est aussi bien vite repartie pourrir d'autres artistes qui montent trop vite, et aujourd'hui, peu de personnes s'intéressent au second LP de Marcus Lambkin, We Got A Love.

Ce désintérêt est-il mérité ? En partie, oui. Si, en 2010, les bombes electro-disco-house lâchées par Shit Robot ou ses compagnons de label The Juan MacLean étaient pertinentes, elles n'ont pas vraiment évolué depuis. On se demande donc pourquoi on devrait ré-écouter la même chose quatre ans plus tard. D'autant plus que cette collection de titres plutôt longs (parfois trop) sonnent plus comme une compilation que comme un véritable album. On ne va pas vous mentir, le but semble être d'inciter les DJ à mixer/remixer les titres plutôt que d'inviter l'auditeur lambda à s'imprégner de l'album un soir d'hiver, un plaid sur les jambes en tricotant un pull en laine pour son petit neveu.

Pourtant, on ne peut pas non plus trop lui en vouloir. Après tout, oui, les titres produits par Shit Robot restent bien foutus. Un morceau comme "Dingbat" nous rappelle combien, quand les sections rythmiques sont bien conçues, les effets exagérés et les sons compressés sont inutiles pour donner envie de danser et de hurler. Sur "Feels Real", Luke Jenner (ex The Rapture) démontre combien sa voix haut-perchée est adaptée au disco, tandis que "Space Race" laisse espérer des versions live incandescentes. Et puis, "Feels Like" évoque avec bonheur les pistes de danse transpirantes sous la house pas encore minimale et pourtant déjà minimaliste du début des années 90.

Bref, le nouveau Shit Robot, c'est un peu un album de vieux qui aiment danser sur des vieilles choses bien faites sans nécessairement avoir besoin de prendre de l'ecsta pour suivre le rythme. La bonne nouvelle pour Marcus Lambkin, c'est qu'il y a, on en est convaincus, un public pour ça.