We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic
Foxygen
Foxygen. Avec un nom aussi cool que celui-là, on partait déjà avec un a priori positif sur le duo formé par Sam France et Jonathan Rado, deux post-ados (22 ans seulement) basés à Los Angeles. Par ailleurs, le groupe est signé sur Jagjaguwar, une maison qui a l’habitude de nous fournir en longs formats de qualité – Sharon Van Etten, Unknown Mortal Orchestra ou Pink Mountaintops, pour ne citer que ceux-là. Enfin, ce deuxième album des Américains s’intitule We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic, ce qui nous donne une raison de plus d’écouter en priorité la galette en question.
Ceci étant dit, face à tant d'originalité dans le titre, on est dans un premier temps un peu déçus devant tant de conformisme dans l'interprétation. Car ce premier album de Foxygen, c'est la matérialisation sur neuf titres d'un amour immodéré pour tout ce qui n'est pas moderne. Sam et Jonathan, qu'on arrête de les faire chier avec Animal Collective, Bon Iver ou MGMT, avec qui on a pourtant essayé de les comparer dès leurs débuts. A la limite, on pourrait leur trouver des accointances avec ce génial franc-tireur d'Ariel Pink, et encore.
Eux, leur kiff, c'est donc les grands disques des années 60 et 70. Qu'ils soient pop, rock, blues ou soul. Et sur les bancs de l'école, les seules choses que ces deux-là ont trouvé le temps d'étudier, ce sont les discographies complètes des figures tutélaires de la belle musique populaire de l'époque – de Ray Davies à John Lennon en passant par Bob Dylan. Des valeurs sûres donc. Et c'est bien simple, à aucun moment de We Are the 21st Century Ambassadors of Peace & Magic on n'a la certitude que ce disque a conscience de l'époque dans laquelle il pourrait s'inscrire. Certes, on décèle bien une certaine volonté de mélanger les genres propres à notre époque, mais pour le reste, c'est avec l'élégance des vieux briscards et drapé dans une production vintage que Foxygen tisse une musique tellement référencée qu'elle pourrait susciter les moqueries.
Mais c'était sans compter sur une exceptionnelle capacité à pondre du tube de poche, à pisser de la mélodie qui ne te quitte pas, à usiner de la bonne humeur avec l'efficacité d'un ouvrier chinois qui vient de commencer sa journée de travail de 16 heures. Ce premier album est d'autant plus jouissif qu'il a le bon goût de ne pas dépasser la quarantaine de minutes, comme si Sam France et Jonathan Rado avaient compris qu'il ne fallait pas en faire des caisses au risque de passer pour des merdeux doublés d'arrivistes. Clairement, ces deux-là ont tout compris, et on peut légitimement penser qu'ils iront loin.