Walking on a Dream
Empire of the Sun
Grand vainqueur des récents classements de fin d’année, l’album des New-Yorkais de MGMT a évidemment donné quelques idées aux majors, pas toujours les premières sur la balle mais généralement promptes à faire marcher la pompe à dollars en s’engouffrant dans la moindre brèche ouverte par une formation sortie de nulle part. Chez la britannique EMI, on n’a pas hésité à aller jusqu'en Australie pour nous sortir du chapeau Empire of the Sun, un binôme – qui l’eût cru ? – réunissant deux figures pas inconnues dans le monde de la pop du land down under. On retrouve donc au sein d’Empire of the Sun un membre du duo electro Pnau, Nick Littlemore, et un autre du groupe rock The Sleepy Jackson, Luke Steele. Avec un titre un brin mégalo (Walking on a Dream) et une pochette hideuse qui pourrait aisément illustrer un remake de série Z de Dune ou la couverture d’un bouquin de L. Ron Hubbard, la formation débarque donc toute auréolée de son succès sur ses terres et du plan marketing XXL mis en place par le label.
Précédée de deux singles plus que sympathiques (« We Are The People » et « Walking on a Dream »), la sortie de ce premier opus, sans vraiment être l’évènement de ce début d’année, était quand même assortie de quelques attentes légitimes. Walking on a Dream désormais dans les bacs de nos disquaires et déjà dans mes oreilles une bonne dizaine de fois, c’est la circonspection qui est de mise. En effet, à trop vouloir comparer Empire of the Sun et MGMT, ça peut forcément faire des dégâts. Et il ne nous faut pas de nombreuses écoutes pour dégager un constat évident : ce qui fait que Walking on a Dream se contentera d’une petite chronique en fin de mag’ tandis qu’Oracular Spectacular a trusté les couv’ des magazines pendant des mois, c’est son manque flagrant de niaque, sa disparité trop flagrante entre ‘killers’ et ‘fillers’ et sa production un peu trop monochrome – n’est pas Dave Fridmann qui veut en même temps. Ainsi, la première moitié de l’album laisse entrevoir un joli potentiel que des sonorités trop lisses et peu percutantes viennent amoindrir – à cet égard, je vous renvoie vers les deux singles mentionnés en début de paragraphe et qui témoignent de la capacité du duo à accoucher de petites pépites rétro-pop. Mais les choses se corsent avec la seconde moitié du disque, qui s’apparente à un interminable enchaînement de morceaux fades et sans saveurs dont le point culminant est probablement « Without You », insupportable et interminable slow qui clôture l’album et abandonne l’auditeur sur une note négative.
Si le constat global est clairement négatif, on ne peut s’empêcher de penser que les gars d’Empire of the Sun ont suffisamment de talent pour un jour venir titiller la cour des grands - cela passera d'abord par des améliorations tant sur le fond que sur la forme. Mais à ce stade, ce qui m'inquiète le plus, c’est la volonté affichée par le duo de tourner un clip pour chacun des morceaux de l’album. Seul l’avenir proche nous dira si le duo Littlemore/Steele sera en mesure de tenir cette ambitieuse promesse. Cependant, vu la qualité plutôt variable de ses compositions, on est en droit de se demander s’il s’agit vraiment là d’une riche idée…