Walk the River
Guillemots
Dans sa chronique du Red des Guillemots, notre ancien rédacteur Splinter posait parfaitement le problème : « Encensée en 2006 à la sortie de son premier album [...] la bande de Fyfe Dangerfield ne cesse d'étonner, refusant de se laisser enfermer dans un quelconque carcan musical [...] quitte à ce que leurs œuvres variées ne confinent parfois à l'avarié. » Le même Splinter se lançait alors dans un plaidoyer en faveur du groupe, que ne partage pas l'auteur de ces lignes, lui qui a tendance à considérer ce disquecomme une pénible boursouflure rendue possible par le crédit gagné sur la foi d'un EP et d'un premier album il est vrai très bons.
On le sait aujourd'hui, un mauvais disque et quelques années de silence suffisent à replonger un groupe dans l'anonymat et lui occasionner un petit passage par la case départ. On en veut pour preuve la salle à peine remplie dans laquelle le groupe du fantasque Fyfe Dangerfield s'est produit il y a peu à Paris. Heureusement pour eux, les Guillemots sont toujours soutenus par la major Geffen et la sortie de ce troisième opus ne passe donc pas inaperçue, ce dont on ne se plaindra pas vu le regain de forme affiché par la formation de Birmingham.
Certes, on ne retrouve pas sur cette troisième réalisation cette performance d'équilibriste du goût (bon comme mauvais donc) qui avait permis aux Guillemots de faire parler d'eux, mais les raisons d'être satisfaits et de croire à une rédemption sont suffisantes. On peut même dire que les Guillemots retrouvent le tout meilleur niveau en entame des hostilités. Cela commence par un "Walk The River" au lyrisme suffisamment contenu pour ne pas sombrer dans l'indigeste, ça enchaîne sur "Vermillion", clairement le meilleur titre de l'album avec son irrésistible montée en puissance et son refrain qui peut se gueuler et ça clôture cette imparable mise en jambes sur "I Don't Feel Amazing Now", un titre qui ne confond pas mélancolie et pathos, et le racé "Tigers". On se dit alors que même s'il a mis un peu d'eau dans son vin et opté pour un certain conformisme, le groupe est enfin revenu à son meilleur niveau.
Mais aussi lentement que sûrement, Walk The River sombre dangereusement dans l'anodin à mesure que défilent les titres, le groupe ne se permettant que d'extrêmement rares coups d'éclats, comme sur l'épique "Sometimes I Remember Wrong" légèrement plombé par ses ambitions grandiloquentes ou sur le baroud d'honneur "Yesterday Is Dead" qui cloture impeccablement le disque. Et pour le coup, on lui en voudrait presque de nous avoir fait espérer un retour aux sommetx de la pop anglaise. Mais pas rancuniers pour un sou, on se dit que vu la qualité exceptionnelle de certains titres, on est prêts à lui laisser une chance. L'utlime.