Waiting For Something To Happen

Veronica Falls

Bella Union – 2013
par Michael, le 13 février 2013
8

Lors de leur prestation à St Malo l’été dernier en début de soirée sous un beau soleil breton, Veronica Falls nous avait gratifié de deux trois nouveaux titres qui nous laissaient bien entendre que sans renier le son et les codes musicaux qu’il avait choisi d’endosser, le groupe allait évoluer dans la continuité et en douceur. En douceur certes, mais rapidement puisque leur premier album est encore presque chaud. En tous cas il est plaisant de voir un groupe ne pas forcement se prendre la tête à passer cinq ans à sortir un nouvel album. Et il est également bien plaisant de retrouver cette énergie, cette fraîcheur, ces guitares qui cavalcadent, ces toms martelés on ne peut plus sobrement et ce goût de la mélodie et des harmonies vocales bien troussées qui nous avaient tant séduit sur le premier album éponyme.

Waiting For Something To Happen, c’est une certaine urgence et immédiateté, autant dans les tempos que dans la structure des chansons. Il n’y a ainsi qu’un ralentissement en fin de galette avec la lente « Daniel », jouée sans batterie. Le reste du temps, c’est pied au plancher que sont joués les morceaux avec moins de changements de rythmes et de parties que sur le premier effort des jeunes Londoniens. Alors certes, on pourrait en rire de cette musique, car quand nous parlions de code, on est en plein dans ceux de la twee pop. Autant musicalement qu’au point de vue des textes, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur les titres des morceaux : « Tell Me », « If You Still Want Me », « My Heart Beats », « Last Conversation »… Rire, car cette musique s’écoute au premier degré, sans cynisme. Et là ou certains verraient de la mièvrerie nous on préfère voir de la pureté et une certaine forme d’innocence des sentiments dans ce qu’ils ont de non pervertis par l’aigreur, les vicissitudes de la vie et le renoncement.

D’ailleurs c’est bien ce que semble défendre « Everybody’s Changing » : oui tout le monde change avec le temps.  Tout le monde, mais pas moi, ou du moins je ne le veux pas. Vivre une adolescence des sentiments et des sensations perpétuelle. Ce qui peut paraître immature ou régressif, car l’on sait bien qu’il est difficile voire impossible qu’il en soit ainsi, à tort et à raison. Et c’est ce qui nous rend d’ailleurs cette musique si sensible et vibrante. Elle appuie à l’endroit précis où ça fait du bien et où ça fait mal. Une euphorie mélancolique. L’attente avant le départ. Ce qui nous fait dire que l’on espère vivement que ces quatre-là renonceront le plus tard possible. Pour un effet optimal, à consommer de préférence le matin en sautillant allègrement dans sa salle de bain après la douche, avec ou sans peignoir.