Vulgarian Knights
Feindrehstar
Ce n'est déjà pas facile de se faire une petite place au soleil en 2010, mais en optant pour un patronyme aussi difficilement mémorisable que Feindrehstar, on se dit qu'il y en a qui ne choisissent pas vraiment l'option de facilité. Derrière ce nom un brin barbare, on trouve donc un collectif teuton composé de sept âmes et originaire de la petite ville de Jena, dont le nom dira peut-être quelque chose aux connaisseurs, puisque c'est également de là que viennent les Wighnomy Brothers – une autre bande d'allumés du bocal dont le nom était lui aussi bien chiant à prononcer. Mais tandis que ces derniers donnaient dans la techno minimale, les gars de Feindrehstar préfèrent quant à eux manger à tous les râteliers.
En effet, difficile de classer ce Vulgarian Knights dans une catégorie bien précise: jazz, (abstract) hip hop, afrobeat, deep house ou soul, tout y passe – le groupe parle de "krautclub", si ça peut lui faire plaisir. Et s'il est vrai qu'à l'écoute de certains titres, on serait tentés de jeter en pâture des références comme Jazzanova ou Krüder & Dorfmeister (et j'entends d'ici des dents qui grincent), Feindrehstar semble pousser son raisonnement un cran plus loin, bien décidé à ne pas devenir un band de plus destiné à remplir le tracklisting de compilations Buddha Bar. Ainsi, contrairement à la musique de ces hérauts du downtempo, celle de Feindrehstar intègre en permanence une composante live et organique lui permettant de dégager une énergie brute assez communicative. Ainsi, quand nos sept asticots se laissent porter par le groove (et croyez bien qu'ils ne se gênent pas), on a parfois l'impression d'entendre cette vieille canaille de Laurent Garnier taper un bœuf house-jazzy avec son pote Bugge Wesseltoft - une sorte de "The Man With The Red Face, le monstrueux kick techno en moins.
A l'arrivée, Vulgarian Knights ne séduit certainement pas par son originalité, mais trouve son efficacité dans l'alchimie parfaite qui unit ces sept musiciens au sens du rythme et du métissage impressionnant. Et ce qui est certain, c'est que si ces zozos font plus que se débrouiller sur disque, on imagine que le passage par la case concert doit relever de la pure fête du slip. Mais à l'heure actuelle, le groupe ne se produisant que quasi exclusivement dans son Allemagne natale, il vous faudra bien mettre la main au portefeuille pour apprécier la chose à sa juste valeur…