Vréel 3
Kekra
« Dans la famille rappeur masqué je veux… heu ok c’est qui lui ? »
Alors que l’on se demandait à l’écoute des « Pas joli » et « Satin » sur quelles bases Kekra allait bien pouvoir se démarquer d’un Kalash Criminel ou d'un Siboy, force est de constater qu’en deux petites années le rappeur de Courbevoie s’est taillé une belle place et a fait de ses « franjos » une fanbase parmi les plus déterminées du rap français. Une position atteinte via une série de sorties hyper solides tout d’abord, et surtout grâce à un personnage à part, basé sur des interviews surréalistes, une passion pour l’Asie proche de l’obsession et pas mal de références complètement hallucinantes.
Parce qu’avant d’être un rappeur, Kekra est un vrai gros fan de rap. Et toutes ces années passées à se manger des trucs aussi variés que Roll Deep ou No Limit ont fait de lui une sorte de Predator du rap jeu, capable de s’adapter à n’importe quel environnement, de juste kicker et de voir ce que ça donne. Et peu importe si le projet comporte son lot de phrases à la con. De toute façon, Kekra s’en bat les couilles du rap. Kekra est un branleur magnifique qui aime tellement le rap qu’il n’en attend absolument rien et le prend comme il est, comme il vient. Kekra est un mec qui peut démonter des prods 2-step puis se mettre à chanter la bicrave sur fond de steel drums. Le rap game est le dernier de ses blème-pro, et il sait que ce n’est pas en faisant référence à Mike Jones qu’il sera en tête de gondole à la Fnac. Mais qu’importe au final: chaque sortie est une nouvelle occasion de cimenter une discographie qui évolue toujours plus librement, ce dernier volume permettant au gars du 92 d'en remettre une grosse couche niveau nonchalance et diversité.
Et si on prédit à Kekra un destin de beautiful loser, à mi-chemin entre Wiley et Grems, on n’aura aucune peine à l’imaginer sirotant des piña colada masqué sur une plage des Caraïbes, très loin de la grisaille des Hauts-de-Seine et surtout trop loin pour ce rap jeu. Attrape-le si tu peux.