‎VOUS ÊTES PAS CONTENTS ? TRIPLÉ !

À une époque où de nombreux artistes sont passés experts dans l’art de brouiller les pistes, Benjamin Epps préfère jouer cartes sur table avec ses fans : si vous voulez connaître ses obsessions, écoutez ses disques, tout simplement. Et avec ce nouveau projet, on en a la confirmation : le MC parisien est un sacré monomaniaque. Il y a un an, sur Fantôme avec chauffeur, les productions poisseuses et le flow altier se calaient sur l’esthétique Griselda Records. Le résultat ? Une réussite et un plaisir d’écoute totaux malgré une approche décalcomaniaque.

Nous voilà un an plus tard, et on en a la confirmation : son année 2021, Benjamin Epps l’a passée à écouter Jay-Z (ce qui n’est franchement jamais une mauvaise idée) et à manger du Munster (en tout cas il en parle à deux reprises sur le disque, c'est un signe). Et donc, plutôt que de cacher son amour pour le Hov’ derrière des artifices qui pourraient vite passer pour des cache-misères, Eppsito (sur)joue la carte de l’hommage : un petit scratch qui fait « ask about me » sur « BMW BOYZ », un titre qui commence par une traduction littérale d’une des phrases les plus célèbres du Jigga Man (« Puis-je avoir un Encore ») ou encore un titre qui ressemble à une version à peine retouchée de « Song Cry ». (« MARATHON »). À ce niveau d’emprunt, il ne manquerait plus que l’album s’appelle J’ai 99 problèmes, mais copier / coller n’en est pas un pour assumer son délire jusqu'au bout. On pourrait penser qu’un tel niveau de plagiat qui ne dit pas son nom est insupportable, pour ne pas dire rédhibitoire. Et bien, paradoxalement non. Comme sur Fantôme avec chauffeur, passé le petit moment de malaise qu’induit une telle attitude chez l'auditeur·rice qui a fait son écolage avec The Blueprint ou le Black Album, on se laisse happer par la gouaille et le sens de l’egotrip d’un Benjamin Epps qui excelle en la matière (cœur avec les doigts sur cette référence au triple menton de Gérard Larcher).

Évidemment, ‎VOUS ÊTES PAS CONTENTS ? TRIPLÉ ! nous fait dire qu’on aimerait qu'il s’affirme un peu plus sur ses projets, qu'il nous montre ce qu’il a vraiment dans le bide - « TOUT DROIT DE LA BANQUE » notamment, produit par JeanJass, va dans ce sens, comme ses apparitions chez Ed Banger ou Vladimir Cauchemar. Mais on se console en se disant que sa carrière n’en est encore qu’à ses balbutiements, et que la jurisprudence 1995 doit nous laisser entrevoir des lendemains encore meilleurs et plus personnels.