Vif !
Françoiz Breut
La Normande Françoiz Breut est installée à Bruxelles depuis qu’elle a commencé à sortir des disques dans les années nonante. Une origin story qu’on a tendance à oublier tant sa présence rime avec la capitale belge. Son dernier album, Vif !, a encore une fois été enregistré avec son gang d’expatriés ayant eux aussi élu domicile à Bruxelles, avec qui elle avait déjà enregistré le précédent, le très joli Flux Flou de la Foule. Peu de surprise donc si vous êtes familier avec le style de la chanteuse pour un huitième album aux airs de magnum opus qui vient couronner une carrière longue et sans faute.
Vif ! appartient à la famille des albums où le morceau d’ouverture est également le meilleur. « Hors sol » commence doucement avec la batterie suave de Roméo Poirier pour se transformer en l’espace de cinq minutes en une odyssée extraordinaire, avec des synthés interstellaires et un chant incroyablement sensuel. Les bases sont posées, l’ambition est décuplée. Le reste sera du même tonneau, mélangeant des influences jazz, cette bonne vieille "nouvelle chanson française" et un sens maîtrisé de l'excentricité.
Françoiz Breut puise aussi dans le champ lexical de l’invisible et de l’infiniment petit, comme sur « Ectoplasme », un titre sublimé par la basse de François Schulz et une dose maximale de Space Echo. À cet égard, il faut souligner combien les synthés et les orgues de Marc Mélia prennent une place prépondérante dans l’ambiance spatiale de l’album, notamment sur « Gazons et chatoiements » qui évoque le Moon Safari de Air ou sur « Ode aux vers », un redoutable slow polysyllabique dont la structure repose sur un piano qui n'est pas sans nous rappeler Vampire Weekend. L’album se conclut parfaitement sur « La tangente », superbe ballade country eighties, plus proche de Waxahatchee que de Kenny Rogers. Un album doux comme un lit de mousse dans un sous-bois ombragé.