Victorian America
Emily Jane White
Alors que l’année 2009 nous tourne définitivement le dos, on n’a toujours pas fini de faire le tour des nombreuses sorties de ces dernières semaines. N’hésitons pas à l’affirmer, 2009 fut un grand millésime. Notamment pour le label Talitres qui, en l’espace de quelques mois, nous aura régalé avec les disques de be my weapon, de Frànçois And The Atlas Mountains et de Le Loup. A tel point que l’on a même oublié de parler du second album d’Emily Jane White.
Remarquée en 2008 avec Dark Undercoat, son premier effort, la jeune Américaine a cependant été quelque peu éclipsée par le succès de sa compatriote Alela Diane. En effet, les deux demoiselles boxent dans la même catégorie. Et au rayon des comparaisons, Emily Jane White doit également se frotter à une Cat Power dont le timbre de voix est relativement proche. Au-delà de ces rapprochements inévitables, la demoiselle révélait sur Dark Undercoat un univers personnel et fragile mais ô combien envoûtant. Dès lors, on attendait d’Emily Jane White qu’elle monte en puissance avec Victorian America, à l’instar d’une instrumentation qui voit l’apparition d’une pedal steel, d’un quatuor à cordes,… Si cela fait mouche sur les trois premiers morceaux (le sublime "Never Dead", "Stairs" et l’éponyme "Victorian America"), il faut reconnaitre que, sur la longueur, la Californienne a vu trop grand avec un opus approchant l’heure (pour douze titres). Ainsi, un morceau comme "The Ravens" aurait été amputé de moitié que l’on n’aurait pas crié au scandale. Mais de manière générale, on sent surtout que la demoiselle a un peu trop surchargé des compositions qui perdent donc de leur simplicité. Et qui auraient pu se suffire à elles-mêmes. Ceci dit, Emily Jane White arrive à nous surprendre avec un "Red Dress" digne de l’électrique PJ Harvey. Un créneau qui, lui, demanderait à être creusé.
Bien que Victorian America nous montre une artiste cherchant à densifier le son alors que la qualité de son songwriting n’en demande pas tant, certains morceaux se révèlent d’une splendeur jusqu’ici inégalée par la demoiselle. Et rien que pour ces derniers, cet opus vaut incontestablement le détour. En attendant qu’Emily Jane White trouve ce juste équilibre qui permettra de définitivement crier au génie.