Vampire Weekend
Vampire Weekend
Chers lecteurs, ce disque que toute la presse tente de vous vendre comme la sensation immanquable de ce début d’année 2008 a en fait déjà prouvé toute l’étendue de son pouvoir de séduction destructeur l’année dernière sur une démo (Blue CD-R) qui a affolé blogs et webzines outre-Atlantique et qui se retrouve, à une poignée de morceaux près, dans les bacs de tous les bons disquaires. Pourtant, aussi bon que soit ce disque, il est fort probable qu'à l’heure où vous lisez ces lignes, vous frôliez déjà l’overdose de Vampire Weekend, un groupe sur lequel tout ou presque semble déjà avoir été dit – un état de fait qui pourrait presque rendre ce papier inutile. Et bien sûr, comme toute hype furieuse qui se respecte, Vampire Weekend déchaîne les passions. Le groupe new-yorkais est donc généralement associé à des avis extrêmement tranchés: d’une part, les fans convaincus qui voient dans le groupe un son nouveau en provenance de la Big Apple, annonçant une vague de vulgaires suiveurs, et d’autre part les ardents détracteurs qui considèrent la musique de cette bande de jeunes au look passe-partout comme un album de rock indépendant américain parmi tant d’autres, voire un insupportable exercice de recopiage. Finalement, il y a peu de ces deux descriptions dans le phénomène Vampire Weekend.
Une première constatation s’impose : Vampire Weekend n’a rien inventé. Le groupe s’est juste borné à insuffler à des influences partagées par l’immense majorité des groupes d’indie pop contemporains une légère dose d’afro-pop et à remettre au goût du jour un album de Paul Simon que d’aucuns méprisaient (Graceland) pour un résultat que le groupe qualifie de Upper West Side Soweto et qui trouve son expression la plus évidente sur le très chaloupé « Cape Cod Kwassa Kwassa ». Finalement, Vampire Weekend arrive au bon moment – la presse manquant cruellement de 'next big thing'… - et batifole sur des terrains de jeux que les Shins ou Clap Your Hands Say Yeah avaient jusqu’alors ignorés. Mais s'il est à la portée de n'importe quel groupe d'universitaires un tant soit peu jouettes d'insuffler une légère dose d’exotisme à leurs compositions, il faut encore que celles-ci tiennent la route. Et à ce petit jeu-là, on ne pourra certainement pas renier le fait que Vampire Weekend débarque en ce début d’année chez nos amis de XL Recordings avec une belle volée de singles potentiels. Si l’invasion du quatuor a débuté sur un morceau qui n'est en rien représentatif de l'album ("A Punk" et sa rythmique entraînante qui me donnerait presque envie de ressortir mes disques de Poison Ivy), sachez que nos quatre blanc-becs ont gardé sous le coude des morceaux à la fraîcheur et l’immédiateté incomparables, dont « Walcott », « Mansard Roof » et surtout « Oxford Comma ». A lui seul, ce titre irrésistible, l’un des meilleurs de ces derniers mois toutes catégories confondues, résume le potentiel énorme de Vampire Weekend, groupe talentueux et attachant qui mérite bien quelques éloges et une petite place au panthéon de la pop indépendante américaine.