USA Club Mixes
Surkin
C'est sans doute à force de le voir à chaque fois reporté que l'on s'est mis en tête de ne plus rien attendre du premier album de Surkin, animés de cette appréhension de voir finalement arriver l'arlésienne avec le sentiment qu'elle arrive avec plusieurs années de retard. Et pourtant si USA n'a pas bénéficié d'une chronique en bonne et due forme dans nos pages, le disque a réussi à grands renforts de clins d'oeil à Chicago et Détroit à réunir tous les arguments pour nous tenir en haleine plusieurs semaines. Auréolé d'un succès médiatique mérité, on se doutait bien qu'un tel carton ne pouvait se passer de son cortège de relectures. Là où on a eu un peu plus de mal par contre, c'est au moment de constater le résultat mi-figue mi-raisin commis par un pourtant si ravissant casting.
Ca commençait plutôt bien à vrai dire, entre les relectures so 90's de Canblaster - qui se la joue mixmaster le temps d'un surprenant et jouissif mégamix - Djedjotronic & Noob, Rustie ou encore Feadz qui apportent une complémentarité parfaite et un brin rétro aux pistes choisies. Malheureusement, cette inespérée dynamique de départ s'essouffle très rapidement, trop même. La faute à un tracklisting qui manque un brin d'audace dans la manière dont il s'étale, là où toute la force de l'album était d'aligner plusieurs pistes au format résolument club autour d'un fil conducteur survolté et fédérateur. Et c'est sans doute ce qui aurait sauvé les remixes poussifs de Brodinski, A-Trak ou Bok Bok & L-Vis 1990, là où ceux de Das Glow, Strip Steve ou encore Club Cheval auraient quant à eux sans doute mieux fait de rester coincés sur un disque dur endommagé pour nous épargner un triolet de relectures aussi linéaires, prévisibles ou simplement désagréables à entendre. Plus en marge de ces relectures club, on applaudira chaudement le travail réalisé par Para One, Bobmo ou Jackson & His Computer Band avec leurs versions laidback ou même orchestrales (!) de titres aux BPM survoltés - une prise de risque d'autant plus appréciable qu'elle apporte une versatilité aussi bienvenue que vaine à l'ensemble.
Il existe en réalité trop de disparités entre les personnalités et de ces remixeurs pour conférer à cette compilation le même relief que l'oeuvre sur laquelle elle prend appui, tant et si bien que l'on prendra finalement plus de plaisir à tomber sur les meilleures performances notables au détour d'une playlist aléatoire. Plutôt prometteur sur papier, USA Club Mixes pêche au final par une trop grande incompatibilité. Une sortie peut-être moins précipitée et plus soignée, voire même avec un tracklisting et un casting moins épais, aurant sans doute été plus souhaitable pour faire honneur à la première réussite de Benoît Heitz. L'intention était louable, mais mieux vaut maintenant se reconnecter sur la fréquence d'origine.