Universal Audio
The Delgados
Toutes les bonnes choses ont une fin, paraît-il. Après avoir flirté le temps de deux albums remarquables (et remarqués) avec Dave Fridmann, mixeur de talent adoubé par toute une génération de groupes américains du meilleur goût (Mercury Rev, Flaming Lips, Sparklehorse…), les Delgados ont choisi pour leur cinquième album de tourner le dos aux orchestrations luxueuses et grandiloquentes qui leur avaient permis de se frayer un chemin vers le cœur des amateurs de pop élégante et un rien maniérée. Las, Universal Audio est donc entièrement vierge d’orchestre. Pas la moindre trace d’un violon, à peine quelques synthés à se mettre sous la dent en guise de leurre. Pourtant, pas de quoi traumatiser le fan de la première heure puisque l’on semble presque revenu aux sonorités qui firent les meilleures heures de Peloton, second disque injustement méconnu et recelant pourtant son lot de merveilles ("Everything Goes Around The Water" ou "Pull The Wires From The Wall" en tête).
La première confirmation, la plus rassurante, est que même amputées de riches arrangements les compositions du quartet font toujours instantanément mouche : l’ouverture en fanfare de "I Fought The Angels", toutes guitares dehors, et l’enchaînement avec l’irrésistible "Is This All That I Came For ?", futur single en puissance, permet au groupe d’aligner deux de ses meilleurs morceaux à ce jour. A cela, il convient d’ajouter un premier extrait, "Everybody Come Down", accrocheur en diable bien qu’un peu facile, et un trio final en tout point touchant pour obtenir deux extrémités de disque parfaites. Au milieu de tout ce joli monde, on retrouve les classiques changements de voix entre Emma Pollock et Alun Woodward, des ballades désabusées et des titres plus torturés, le tout dans un écrin moins intense que par le passé mais toujours convaincant. Alors bien sûr, au sortir de ce Universal Audio, on ne ressent pas le même frisson que pour The Great Eastern ou Hate. Mais selon leurs propres termes, les Delgados voulaient simplement publier 'a big pop album', et ils ont admirablement bien menée leur mission. Reste au fond de nous un désir brûlant de les retrouver un jour à nouveau lyriques et démesurés comme lorsqu'ils nous bouleversaient tant.