Understated
Edwyn Collins
Chaque nouvelle idée, chaque nouveau morceau ou chaque nouvel album d’Edwyn Collins s’apparente à un majeur fièrement tendu et adressé à une vie qui n’a pas toujours été tendre avec l’Ecossais. Le genre d’image complètement cliché mais inévitable quand on connaît son parcours et cette double hémorragie cérébrale qui a failli lui coûter la vie en 2005.
Depuis, ce vieux briscard du rock indépendant britannique se refait une santé, au propre comme au figuré. Et il y a deux ans, c’est en grande forme et en excellente compagnie (Alex Kapranos et Nick McCarthy de Franz Ferdinand ou Jonathan Pierce de The Drums) qu’on l’avait quitté sur Losing Sleep, l’album de la résurrection. Pour Understated, l’effet de surprise est évidemment moindre, puisqu’on sait que l’état de santé d’Ewyn Collins n’a pas empiré pendant sa création.
Ce qui ne veut pas dire que son accouchement a été une partie de plaisir. En effet, aujourd’hui encore, le songwriter est toujours incapable de jouer correctement de la guitare et il a été une fois de plus obligé de faire appel aux copains pour coucher sur bande ses idées. Heureusement, l’homme sait s’entourer, et comme sur Losing Sleep, il remet entre de bonnes mains (moins connues certes) cette écriture qui transpire la sincérité et la confession par tous les pores, cette musique à la croisée des chemins entre Northern Soul, rock et country. Et à cet égard, un titre comme « Forsooth » résume bien le combat permanent contre les emmerdes que livre Edwyn Collins.
Et si l’effort est louable et force le respect, cela ne doit pas nous empêcher de trouver Understated un peu moins réussi que l’impeccable Losing Sleep. Les recettes utilisées sont ici les mêmes, comme la gnaque qui anime les onze titres. Disons que c’est juste le songwriting qui ne fait pas instantanément ou immanquablement mouche sur Understated. Il n’empêche que même un peu moins inspiré, le Edwyn Collins post-2005 reste un type qui force le respect et surtout un artiste encore capable de nous foutre pas mal de frissons quand il retrouve toute sa verve.