µ20
Various Artists
Si fêter ses dix-huit ans reste quelque chose de spécial, la vraie fête d’anniversaire se passe toujours à la vingtaine. Peut-être parce que, en théorie, on est moins con mais toujours capable de se mettre minable avec force et déshonneur. Un cap est passé et une page se tourne nécessairement, on quitte un certain âge de l’insouciance pour se diriger vers toujours plus de responsabilités.
À l’inverse, tenir un label de poids et pouvoir fêter un vingtième anniversaire est le signe manifeste que la maturité, du moins le sérieux, a toujours fait partie de l’aventure. Et encore, ici on parle de Planet µ, soit d’une institution indépendante capable de balancer plus de 500 sorties distribuées mondialement, pas du micro-label qui vend cinquante K7 à ses anciens potes d’université. Une histoire incroyable et un évènement qui se fête dignement avec une double (voire triple pour les versions digitale et deluxe) compilation plutôt impeccable.
L’occasion de faire le bilan, calmement, et de se rendre compte du chemin parcouru. Se rendre compte que ce succès aujourd’hui consacré, le label le tient de sa capacité à avoir toujours combiné vision qualitative à long terme et nécessité de s’adapter à un univers des musiques électroniques sans cesse changeant. Un contrôle qualité (presque) toujours impeccable couplé à un rythme de sorties incroyable, toujours au cœur des tendances, à rendre jaloux n’importe quel wannabe qui voudrait rentrer dans le game de la gestion de label.
Et si certains nous disent (et on peut parfois les comprendre) que la période rigoriste des débuts a rendu le label véritablement indispensable - la troisième plaque est consacrée à cette période électronica rigoriste et électro-acoustique autistique – on préféra retenir l’amour inconditionnel des musiques délicieusement breakées, des infrabasses de cons et des mélodies sorties de l’espace, que l’histoire ait amené ou non le label à se positionner proactivement sur le dubstep ou le juke.
Alors, certes, ce genre de compilation paraît bien difficile à avaler au vu de la multitude des genres qui s’entrechoquent. On aurait également aimé que Planet µ ne se focalise pas tant sur les cinq dernières années de son existence. Mais force est de constater qu’il n’y a absolument aucun faux pas dans la tenue globale du bordel, et que, considérant qu’il s’agit là de titres exclusifs uniquement, ces cinquante morceaux sont absolument recommandables, que vous soyez un fan hardcore ou un lapin de neuf jours en la matière. Bien joué, Mike Paradinas.