Two Grains Of Sand
Piers Faccini
Pour son troisième album Two Grains Of Sand, Piers Faccini a fait le ménage. Tout d’abord, il a quitté Label Bleu pour rejoindre les rangs de Tôt ou tard. Ensuite, on ne l’a jamais vu aussi investi dans la réalisation d’un album. Exit Vincent Segal (sur Leave No Trace), exit JP Plunier (sur Tearing Sky), cette fois l’Italo-anglais a décidé d’avancer en solitaire le plus loin possible dans le processus de création, autorisant seulement un ami ingénieur du son a s’assurer de la qualité des prises. Après avoir ajouté des lignes de basses, claviers et autres samples de batterie aux démos, Piers Faccini s’est résolu à se faire accompagner par Renaud Letang (Feist, Jamie Lidell, Manu Chao,… mais aussi Alain Souchon) dans la dernière ligne droite de l’album.
À l’écoute des compositions laissées dénudées ("Who Loves The Shade", "Time of Nought" et le moins convaincant "My Burden Is Light"), dans leur plus bel effet guitare-voix, il apparaît très clairement que le songwriting de Piers Faccini se suffit à lui-même. Mais ce qui est encore plus plaisant dans le chef du résidant des Cévennes, c’est qu’il teinte son folk de multiples influences telles que le blues, la pop, le jazz ou la musique africaine. Certes, on ne retrouve plus la kora de Ballake Sissoko mais Two Grains Of Sand est cette fois rehaussé de la présence vocale de Bhusi Mhlongo (sur "A Home Away From Home"), une chanteuse zoulou rencontrée grâce à Nibs van der Spuy. Pour le reste, de vieilles connaissances de Piers Faccini se sont occupées à peaufiner l’instrumentation (la batterie de Jeff Boudreaux, le violoncelle de Vincent Segal, la basse de Jules Bikoko auxquels viennent s’ajouter du piano, de l’orgue, des cordes et des instruments à vents). Au-delà des motifs mélodiques agrémentés de superbes envolées électriques, celui qui est peintre à ses heures est également doté d’une plume aguerrie lui permettant d’aborder des sujets tels que la différence, l’avenir,… sans pour autant perdre de son optimisme naturel.
Pour tous ceux qui suivent cet apatride depuis ses débuts, ce troisième opus est vraiment celui de la maturité. Là où l’on percevait une certaine réserve sur ses prédécesseurs, Two Grains Of Sand ne fait pas les choses à moitié, comme en témoignent les deux titres initiaux (l’éponyme "Two Grains Of Sand" et "The Wind That Blows"), incontestables points forts de l’album. Pour autant, ces derniers n’éclipsent en rien le reste d’un disque où Piers Faccini se fait une place au soleil.