Twenty One
Mystery Jets
En 2006, les Mystery Jets, c’était Making Dens, un premier album (en fait une collection d’EP et de singles) qui contenait son lot de titres séduisants, dont « You Can’t Fool Me Denis » ou « The Boy Who Ran Away », mais qui n’était pas non plus exempt de quelques gênantes boursouflures. Un bon petit disque, sans plus.
Plus de deux ans après ce premier effort trop inégal pour réellement marquer les esprits, c’est amputé d’un membre (Henry Harrison, père du chanteur et guitariste, qui a néanmoins participé à l’enregistrement de l’album) que le groupe fait son retour. Et si celui-ci fait particulièrement parler de lui, c’est qu'il a décidé de s’acoquiner avec un producteur plutôt inattendu en la personne de Erol Alkan. Plus connu pour ses sets incandescents aux quatre coins du globe, le DJ d’origine turque n'en reste pas moins un grand amateur et connaisseur de rock. En effet, dans les cadres des mythiques (et défuntes) soirées Trash qu'il avait instaurées, des groupes comme les Yeah Yeah Yeahs se sont produits. Par ailleurs, notre homme s'est fendu des remixes pour des for,qtions telles aue Franz Ferdinand ou Death From Above 1979. Bref, nous n’avons pas ici affaire à un novice. Et visiblement, cette plongée plus en profondeur dans le monde du rock semble plaire à Erol Alkan, puisqu’après avoir produit une face B des Klaxons et le dernier album des Long Blondes, c’est aujourd’hui pour les Mystery Jets qu’il officie aux manettes.
Si souvent le travail de producteur peut passer inaperçu, on sent ici que Erol Alkan s’est énormément investi et est parvenu à canaliser l’énergie débordante dont peut parfois faire preuve le groupe et qui ne le servait pas forcément sur Making Dens. Alors que ce dernier était des plus bordélique, Twenty One étonne par sa cohésion et peut pour le coup revendiquer le titre d’«album» à proprement parler. Passée cette bonne impression qui se dégage dès la première écoute, on se dit alors que ce disque-là mérite que l’on se penche davantage sur la qualité intrinsèque de ses onze compositions. Principale constatation : si le groupe continue le travail entamé sur Making Dens, il sera cette fois-ci difficile de dégager des singles évidents. En effet, plutôt que de jouer la carte du plaisir instantané qui ne leur avait pas si mal réussi que cela (et dont on sent les réminiscences sur deux titres à peine, « Young Love » et « Behind The Bunhouse »), les Mystery Jets ont opté pour la délectation à long terme. Et pour le coup, on peut parler d’un pari gagnant. Frais et enlevés, la plupart des titres de Twenty One passent comme une lettre à la poste.
Disque aussi riche en influences (pop indé, post-punk, rock progressif, …) qu’en bonnes idées en termes d’arrangements, Twenty One témoigne d'une véritable évolution dans le chef des Londoniens. Aussi surprenant que nécessaire, ce changement nous permet enfin de profiter d’un groupe en pleine possession de ses moyens mais dont la marge de progression semble encore énorme. Et ça, c’est une excellente nouvelle.