Tryptich
Shooting At Unardmed Men
Voir débarquer dans ma boîte aux lettres un paquet contenant un disque de Shooting At Unarmed Men ou Future Of The Left c'est, outre une excellente nouvelle, une occasion rêvée de lancer une fois de plus un message de détresse, de me jeter tête baissée dans un plaidoyer enflammé pour la reformation de McLusky. En effet, depuis la séparation du groupe gallois il y a maintenant quatre ans, les amateurs de garage punk déjanté et percutant se sentent quelque peu orphelins. Et malgré l'excellent qualité des albums de John Chapple avec Shooting At Unarmed Men et Andy Falkous avec Future of the Left, difficile d’oublier les monstrueuses décharges soniques qu’étaient capables d’asséner ces deux énergumènes lorsqu’ils mettaient leurs talents respectifs au service d’une cause commune. Malheureusement, une reformation n’est toujours pas à l’ordre du jour et le fan de McLusky se doit de faire contre mauvaise fortune bon cœur et se ‘farcir’ les albums des groupes respectifs des sieurs Chapple et Falkous. Heureusement, même séparés, ces deux énergumènes n'ont rien perdu de leur fougue.
En ce qui concerne John Chapple, ce Triptych le voit ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. En effet, en 2007, notre homme a décidé de tout plaquer (y compris les mecs qu'il avait recrutés pour monter Shooting At Unarmed Men) et de mettre les voiles direction le soleil de Melbourne. Arrivé sur place, il ne perdait pas de temps, se trouvait un bassiste et un batteur, et enregistrait Tryptich en un temps record. Sorti au mois d’août en Australie, ce troisième album n’est disponible que depuis peu dans les bacs du reste du globe. Et alors que la pochette arrière nous annonce douze morceaux, on réalise en ouvrant le joli digipack que le disque porte bien son nom puisque ce n’est pas une galette que Shooting At Unarmed Men nous propose, mais bien trois - le groupe pensait à l'origine sortir trois EP séparément. Mais à l’arrivée, rien de bien conceptuel dans cette démarche puisque ces trois courts disques sont, à l’image de leurs deux prédécesseurs, des concentrés de rock garage nourri au punk bête et méchant. Shooting At Unarmed Men ne s’est jamais encombré de considérations psycho-philosophiques (hormis peut-être dans les titres de ses chansons…) et ce n'est pas avec Tryptich que les choses risquent de changer. Le groupe est là pour jouer vite et fort et remplit parfaitement sa mission. Certes, John Chapple n’est pas le meilleur chanteur qu’il nous ait été donné d’entendre, mais cette lacune est compensée par une débauche d’énergie et une production lo-fi qui auront le don de vous faire oublier ces petites imperfections.
Diamant brut qui doit le rester, Shooting At Unarmed Men fait partie de ces groupes qui ne rencontreront jamais le succès, et c’est probablement mieux ainsi. Il pourrait continuer à servir le même album tous les deux ans que ses fans n’y trouveraient absolument rien à y redire. Pas plus qu'ils ne s'opposeraient à une reformation de McLusky j'imagine... On peut rêver, merde.