True
Solange
Franchement, on ne sait pas vous, mais à la rédaction, on aimerait ce qu’avait bouffé Matthew Knowles le soir où il a décidé d’envoyer en éclaireur les spermatozoïdes qui allaient lancer les carrières de Beyoncé et Solange Knowles. Car à leur manière, les deux Américaines sont des modèles de professionnalisme dotés d’un flair redoutable, d’un physique plus qu’avantageux et d’un talent dingue. On ne va pas vous faire l’affront de revenir sur le CV de la première nommée, d’autant plus qu’on n’a pas encore inventé la journée de 72 heures. Par contre, il est intéressant de voir comment la petite sœur de la Queen Bey est parvenue à se hisser au sommet d’une certaine hype pitchforkienne, commençant par la même occasion à empiéter sur les plates-bandes de la reine suédoise Robyn.
Après des débuts très timides dans une veine R&B sous perfusions pop FM où la concurrence est féroce, l’Américaine a croisé le chemin d’un Dev Hynes (alias Lightspeed Champion, alias Blood Orange) exilé à New-York. La collaboration avec la major Interscope terminée, c’est sur le label Terrible, qui appartient notamment à un Grizzly Bear, que l’Américaine a refait surface avec True, un objet à mi-chemin entre l’EP et l’album. Et là, c’est bingo. Notamment grâce au single « Losing You », que l’on a retrouvé dans un beau paquet de classements de fin d’année en 2012.
Comme ce True d’ailleurs, qui n’est sorti qu’en ce début d’année en Europe. Un disque en forme de carte de visite idéale qui fait du duo Knowles-Hynes une paire fauchée mais tellement tendance dont on ne voudra pas louper la prochaine incarnation. Car c’est bien au duo que tout le mérite revient.
Ainsi, si l’Américaine crève l’écran avec ses grands yeux en amande, sa voix sensuelle et sa chevelure abondante, elle ne serait rien sans l’écriture et le travail de production d’un Dev Hynes qui, si l’on veut faire simple, nous fait ici comprendre qu’il n’avait pas brûlé toutes ses cartouches « pop 80s » sur le Coastal Grooves de Blood Orange. Un synthé, une boîte à rythme, des ambiances un peu cheesy et Dev Hynes fait le reste. Il y a sûrement là-dedans un paquet d’influences encore inavouables en 2013, mais le fait est que l’Anglais parvient à rendre ça cool avec une déconcertante aisance. Et rien que pour ça, True est un disque qui mérite qu'on s'y attarde.
Par ailleurs, vu sa propension à accoucher de morceaux au moins aussi efficaces que « Losing You » (« Lovers in the Parking Lot », « Some Things Never Seem To F*cking Work »), on ne va certainement pas se plaindre d’un résultat qui, pris dans globalité, va faire chavirer pas mal de cœurs – à défaut de se vendre par camions entiers comme le prochain de la soeurette.
Crevards de hipsters.