Travels With Myself & Another
Future Of The Left
Ayant pris le wagon McLusky sur le tard (c'est-à-dire juste après leur séparation), je n’ai jamais eu d’attentes particulières en ce qui concerne Future Of The Left. Curses était juste un bon disque, un peu brouillon et inégal, avec suffisamment de titres réussis pour avoir envie d’en entendre un peu plus - mais pas non plus de quoi trépigner d’impatience en attendant Travels With Myself & Another (on me souffle dans l’oreillette que c’est parce que je n’ai jamais vu le groupe sur scène). Donc en gros, rien ne me préparait à la bonne claque que viennent de m’infliger les Ecossais avec leur deuxième album. Ou plutôt si, il y a eu un indice, un titre mis en téléchargement gratuit il y a quelques mois sur le site de Beggars Banquet (aux USA hein, pas en France, faudrait pas pousser Hadopi et Mémé Albanel dans les orties, surtout que d’autres l’ont fait pour nous de toute façon).
Un indice donc : "Arming Eritrea", titre d’ouverture de Travels With Myself & Another. Comment retranscrire avec des mots ce sentiment si particulier où tout semble se mélanger ? La découverte, l’excitation, l’envie de mettre le volume au maximum, de montrer son majeur aux voisins et d’appuyer inlassablement sur la touche ‘repeat’. Avec ce seul morceau, on sentait déjà que Future Of The Left était passé au cran supérieur : production puissante, guitares tranchantes, esprit punk fondu dans un morceau parfaitement construit… Le genre de truc plutôt rare de nos jours, quoi ! Eh bien, la bonne nouvelle, c’est que plus de la moitié de ce nouveau disque est du même acabit – et le reste est à peine moins bon.
Ne vous fiez surtout pas au premier single officiel, "The Hope That House Built" : aussi excellent soit-il, ce titre est une anomalie au milieu du disque, une bête curieuse, presque une ballade en fait. Mais il est aussi la preuve que le groupe sait évoluer et devrait être en mesure de nous surprendre encore plus dans un futur proche. Néanmoins, ce n’est qu’une piste à creuser pour plus tard car Travels With Myself & Another, c’est avant tout du lourd, du gueulard ("Chin Music", le titre qui vous fera aimer les hurlements), de la rythmique sexy (la ligne de basse de "I Am Civil Service"), des hymnes à la con ("You Need Satan More Than He Needs You", tout un programme) et des cavalcades endiablées qui devraient faire des merveilles dans les festivals cet été ("Land Of My Formers" ou "Drink Nike").
Vous l’aurez compris, ce disque est une véritable petite bombe sonore de 35 minutes intrinsèquement primaires. Malheureusement, quand on voit le silence qui entoure sa sortie, on se met déjà à imaginer le pire : une nouvelle séparation ! Alors avant que le nouveau Arctic Monkeys ne débarque dans un raffut trop prévisible, avant que la rentrée et son déluge de sorties ne relègue cette petite merveille aux oubliettes médiatiques, votre mission (que vous allez accepter, vous n’avez pas le choix de toute façon) est de faire beaucoup de bruit autour de Future Of The Left - en faisant circuler "Arming Eritrea" par exemple. Et si vous recevez un mail d'avertissement du neveu de Tonton, faites le suivre à sauvons-fotl@goutemesdisques.com, on s’occupe du reste !