Travelling Like The Light
V.V. Brown
Si la tornade V.V. Brown a déjà fait pas mal de dégâts outre-Manche, il aura fallu attendre le matraquage en règle d'une publicité pour une grande banque dont nous tairons le nom et dans laquelle on peut entendre le superbement toxicomanogène « Leave! » pour qu'on commence à s'intéresser à ce phénomène dans nos contrées. Pourtant, à l'écoute des douze titres de ce Travelling Like The Light, il y a une question qui ne tarde pas à nous tarauder: mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien foutre chez Island? En effet, vu le potentiel radiophonique des compositions et l'apparence plutôt photogénique de V.V. Brown, on a vraiment beaucoup mal à comprendre pourquoi les cadres de cette dépendance d'Universal ont laissé végéter le disque de la belle Anglaise sur une étagère en attendant que le buzz fasse son œuvre.
Parce qu'au final, l'équation est d'une simplicité enfantine: lorsqu'un croisement entre Kate Nash, Amy Winehouse et les Pipettes commence à faire parler de lui, on pense très vite tiroir-caisse et campagne promotionnelle au rouleau compresseur. Pourtant, il n'en aura été rien pour V.V. Brown, ce qui rend probablement sa réussite encore plus agréable et facile à digérer. Parce qu'évident, ce premier album l'est de bout en bout, enchaînant les singles potentiels avec une aisance tout bonnement déconcertante. Pop dans le sens où elle est faite pour plaire au plus grand nombre, la musique de V.V. Brown n'en oublie pour autant pas de manger à bien d'autres râteliers: soul, jazz, r'n'b, doo-wop et rock ont été versés dans le bouillonnant shaker qu'agite avec une énergie folle cette donzelle au parcours pour le moins atypique. En effet, après avoir abandonné des études de droit pour tenter (en vain) sa chance aux States, cette Anglaise de 27 ans née d’une mère jamaïcaine et d’un père portoricain est revenue en Angleterre il y a quelques années où elle aurait pu devenir un nième clone insipide des Pussycat Dolls ou de Beyoncé si elle n'avait pas persévéré et défendu un univers personnel qui donne aujourd'hui sa pleine mesure sur Travelling Like The Light. Parce que contrairement à ce que l'on pourrait penser, V.V. Brown n'est pas une nouvelle poupée de cire dont le succès ne dépend que du bon vouloir d'un producteur plus à l'écoute des tendances que des envies de ses poulains. Sur ce premier album, la belle au pompadour a écrit tous les titres et produit une bonne partie d'entre eux, désireuse qu'elle est de délimiter comme bon lui semble les limites d'un terrain de jeu pourtant énorme sur lequel les relations hommes-femmes jouent un rôle prépondérant.
Finalement, lorsque l'on écoute une artiste comme V.V. Brown, on réalise ce que peut être aujourd'hui la Britpop: fini les lads aux gueules de traviole, sapés en Fred Perry et qui ne jurent que par les sacrosaintes guitares. En 2008, la Britpop est une affaire de gens qui ont laissé leurs œillères au vestiaire et sont d'avis que des mélodies simples sans être racoleuses et justement produites sont le moyen idéal de convaincre les masses avachies qu'il y a peut-être mieux que le cirque de Lady Gaga. Forcément, on pense à des artistes comme Esser ou Lily Allen, et désormais à V.V. Brown et son irrésistible Travelling Like The Light.