Trapez 100
Various Artists
Le réflexe le plus naturel de l’amateur de musique électronique est d’associer la scène de Cologne au label Kompakt, bastion incontournable du son allemand. Pourtant si le label de Michael Mayer demeure encore aujourd’hui comme un incontournable de la ville, il ne faut pas oublier que Traum Schallplatten (mieux connu sous le nom de Traum) a largement contribué à replacer Cologne sur la carte électronique allemande. Traum a fêté l’année passée sa centième sortie au moyen d’une compilation récapitulative du meilleur goût, il aurait donc été injuste que Trapez, subdivision de la maison-mère, ne connaisse pas le même sort pour son anniversaire, surtout quand on voit le parcours exemplaire de cette brillante « sous-structure ». Et il faut dire que du beau monde, Riley Reinhold (le légendaire Triple R) a su en rameuter tout au long de ces dix années de bons et loyaux services : Martin Eyerer, SLG, 3 Channels, Jeff Samuel, Florian Meindl, Alex Under, Mark Henning, Nôze, Gui Boratto, Alexi Delano, Lucio Aquilina ou encore Gabriel Ananda, soit toute la noblesse minimal tech-house au service de cet incroyable label, la plupart du temps compilée au long des compilations mixées Selection (que nous vous conseillons avec une vigueur renouvelée).
Point de Dj set au menu ici, plutôt une brochette de titres inédits ou remixés et sélectionnés par le boss Triple R himself. Un premier constat frappe outre la cohérence appréciable de l’ensemble: la tournure club de la compilation à laquelle cette fine équipe ne nous avait pas habitués ces derniers temps, plutôt habituée à enchaîner les titres minimal techno rigoriste de qualité. Qu’importe finalement si la techno de Detroit (« Verse 2 The Chorus (Salz’ Remix) », « Der Vampire Von Düsseldorf (Break 3000 Rework) »), la techno-pop chantée (« Fox In The Box (Christian Martin Remix) »), ou les nappes electroïsantes (« Ambivalent » de Dominik Eulberg) s’invitent à la fête puisque Trapez 100 enchaîne les tracks pro-dancefloor de bon goût sans faiblir. Mais il faut bien avouer quelque chose: c’est quand Triple R va fouiner dans ses caisses après les plus gros tubes minimal que la compilation s’enflamme réellement. Et dans cet exercice de haute volée, on appréciera sans réserve les travaux de Gabriel Ananda, impeccable comme à son habitude ; le « Blast » atomique de Florian Meindl, le « Wapper Do It » de Gow ainsi que les prestations de Jeff Samuel et de SLG.
Bref, Trapez 100, c’est l’ultime rencontre avec le caviar de toute cette scène minimal allemande pour une heure d’escaliers rythmiques, de kicks techno longilignes, de bleeps acid et de dépucelage de dancefloor. Ajoutez à cela une poignée de titres plus clubby, plus colorés et vous obtenez sans plus de formalités une compilation-anniversaire qui montre que l’exigence n’est rien sans le plaisir du corps. On se retrouve dans cent vinyls supplémentaires.