Transylvania

Creature With The Atom Brain

Munich Records – 2009
par Jeff, le 17 novembre 2009
7

Tim Vanhamel est un mec pour le moins occupé. En effet, le Limbourgeois croisé dans dEUS ou Evil Superstars dans les années 90, ou plus récemment dans le premier line-up des Eagles of Death Metal, aime aujourd’hui enchaîner les ‘side projects’ plus farfelus les uns que les autres, ce qui signifie que ses collègues au sein de Millionaire ont pas mal de temps pour vaquer à leurs occupations. Ainsi, Aldo Struyf et Dave Schroyen, respectivement guitariste et batteur au sein du groupe flamand, peuvent se réunir à leur bonne convenance sous la bannière Creature With Atom Brain, formation au sein de laquelle ils retrouvent également Jan Wygers de Mauro & The Grooms et Michiel Van Cleuvenbergen de Dead Stop.

Après I Am The Golden Gate Bridge, un premier album contenant pas mal de bonnes idées et vecteur d’ambiances lourdes et pesantes héritées de la noise et du stoner, on était en droit de penser qu’un nouvel effort de Millionaire éloignerait quelques peu nos compères de leur nouveau joujou. Mais trop occupé à bidouiller avec Coca Cola Met God ou les Disko Drunkards, Tim Vanhamel en oublierait presque qu’ils sont nombreux à attendre le successeur du couillu Paradisiac. Cependant, à l’écoute du nouveau rejeton de Creature With the Atom Brain, on se dit également que les innombrables activités parallèles de cette pile électrique qu’est Vanhamel ne sont peut-être pas une si mauvaise chose que cela.

En effet, après un premier album que l’on qualifiera d’honnête mais peut-être un peu trop expérimental et schizophrène pour plaire au grand nombre, Creature With The Atome Brain semble avoir mis un peu d'eau dans son vin et accouché d'une galette taillée sur mesure pour offrir au groupe une reconnaissance bien méritée. Construit autour d'une base stoner qui établit un lien direct entre le Flandre et les studios Rancho de la Luna si chers à Josh Homme, Transylvania laisse apparaître un groupe complètement libéré et bien entourné, notamment par LE producteur emblématique du stoner, Chris Goss, qui s'est chargé du mixage du disque. Tiré vers le haut par un Aldo Struyf dont la voix ténébreuse et les paroles sombres font des merveilles, le groupe s’ouvre davantage encore sur Transylvania à d’autres courants musicaux moins sollicités sur I Am The Golden Gate Bridge : il y a ici du folk, du rock progressif, mais aussi un hommage assez appuyé à une toute une frange du rock indépendant américain incarné par Janes Addiction ou Mark Lanegan – qui vient d’ailleurs, comme sur le précédent disque du groupe, pousser la chansonnette sur « Lonely Night », une ballade dont la noirceur colle parfaitement au style pour le moins torturé du songwriter américain. Et malgré de légers passages à vide dans la dernière partie du disque, il est bien difficile de ne pas tomber sous le charme envoûtant de compositions qui séduisent autant dans un format radiophonique que lorsqu'elles ne se privent pas pour nous ensorceler avec des montées hypnotiques.

Preuve des nombreuses qualités de ce disque et récompense bien méritée pour le quatuor anversois, The Dead Weather, le dernier projet en date de Jack White et Alison Mosshart, a décidé de prendre le groupe sous son aile protectrice et de l'emmener sur toutes les dates de sa tournée européenne. En voilà qui ont le nez creux…