Totems Flare

Clark

Warp Records – 2009
par Julien, le 11 août 2009
7

Clark, téméraire, avance ses pions à sa façon, répondant courageusement à la question impossible :  "comment faire après un chef-d'œuvre ?". Body Riddle restera sans doute le sommet electronica des années 2000, un espèce de champ du signe pour un genre qui désormais doit se battre tous les jours pour continuer à exister. Clark a fait son boulot et très tôt dans sa carrière a atteint son nirvana. Difficile, donc, après un tel album, de trouver le désir et l'impulsion pour se relancer.

Avec Turning Dragon et désormais Totems Flare, Clark a tenté des trucs. Il ne s'est pas renié, on reconnaît son style de production entre mille, mais il a su s'aventurer sur des terrains inattendus pour l'auditeur le plus attentif. Si Turning Dragon nous avait soufflé par sa violence dancefloor et sa noirceur, Totems Flare surprend aujourd'hui par ses aspirations pop : le nouveau Clark est plus léger, il serait même blagueur.

Sur ce nouvel album, grande surprise, Clark chante sur trois morceaux – trois des titres majeurs. D'abord sur "Growls Garden", le tube du disque, hymne electro-pop très déviant avec mélodies infaillibles et grosses cassures rythmiques. Puis juste après sur le saugrenu "Rainbow Voodoo", où Clark chante à toute berzingue sur un rythme benêt et des synthés Nintendo. Qu'on adore ou qu'on déteste, force est de constater que ce morceau electro-punk gotho-prout à la T.Raumschmiere surprend, et qu'il dévoile une frivolité qu'on soupçonnait mal chez Clark.

Pourtant on ne louera pas outre mesure ce Totems Flare. Déjà parce que cet aspect ludique pourra agacer à quelques moments, sur les très moyens "Luxman Furs" et "Totem Crackerjack" qui nous ramènent au temps de Clarence Park, lorsque l'Anglais n'était qu'un vulgaire second couteau chez Warp. Ensuite parce que comme pour Turning Dragon, même reproche, quelques titres semblent un peu jetés là au hasard, pour meubler, tandis que d'autres témoignent juste d'un grand savoir-faire d'artisan.

On fait la fine bouche, oui, parce que Clark a les allures d'un sauveur. Même si ses nouvelles tentatives nous plaisent, même si la dernière partie de son album est franchement émouvante, on ne sait pas comment faire pour s'en contenter. Triste destin pour un garçon dont le seul tort est de nous avoir trop dévoilé son talent.