Torches
Foster The People
A une époque où l'industrie du disque semble vouloir capitaliser sur le moindre buzz surfait ou la moindre hype préfabriquée, il est des décisions que l'on ne comprend pas très bien. Et celle de sortir physiquement ce premier album de Foster The People au mois d'octobre alors que l'on se délecte depuis de nombreux mois maintenant de l'imparable single "Pumped Up Kicks" semble aller à l'encontre des règles du jeu prônées par les majors, qui capitalisent davantage sur le succès immédiat que sur l'effort à moyen et long terme.
D'autant qu'à l'image du single précité, ce disque des Américains n'est pas vraiment taillé sur mesure pour les séances de méditation contemplative devant un âtre illuminé un soir d'hiver. Non, ce Torches sorti il y a plusieurs mois aux Etats-Unis a tout du feu follet estival autour duquel on danse en groupe et dans une transe hébétée histoire d'oublier le temps d'une soirée bien arrosée les tracas de la zone euro ou la baisse du pouvoir d'achat. Mais heureusement pour les gens de chez Sony Music, le Vieux Continent a connu un bel été indien, et ce disque a donc peut-être quelques belles semaines devant lui.
On l'imagine, à l'écoute d'un single comme "Pumped Up Kicks", il y a eu un label pour faire tourner la planche à billets, engager un producteur hors de prix pour y mettre les formes et pousser le trio de Los Angeles à rééditer pendant 40 minutes l'exploit réalisé sur le titre en question – à savoir s'attirer des comparaisons avec le meilleur (MGMT) et le pire (Maroon 5) tout en parvenant à faire l'unanimité. Une telle tactique est évidemment très dangereuse pour un groupe (moins pour les finances d'un label par contre), que l'on menace de vider de la moindre once d'originalité au profit d'une production en mode "plus petit dénominateur commun".
Heureusement, en matière de pop un peu "power" et légèrement "synth", les Californiens ont quelques arguments à faire valoir. Certes, on n'entend pas un titre aussi fédérateur que "Pumped Up Kicks" 200 fois l'an et il est donc logique que Torches ne réédite pas ce petit exploit sur la durée. Ce qui n'empêche pas Foster The People de nous réserver quelques surprises et de contredire les cassandres qui voyaient déjà dans le groupe un "one hit wonder" qu'on allait vite oublier. On ne peut encore dire si l'on parlera encore de Torches à l'été 2012, mais il y a encore suffisamment de mois en 2011 pour profiter comme il se doit d'un disque gavé à la pop aussi surproduite que positiviste.
Bref, un peu à l'image de Passion Pit, on tient avec Foster The People un groupe qui pourrait disparaître aussi rapidement qu'il n'est apparu. Ceci étant, au regard des qualités de nombreux singles potentiels ici présents, on ne serait pas étonnés s'il confirmait avec brio sur son second album. En attendant, on essayera de ne pas oublier Torches trop vite...