To the Teeth

Serafin

Our Rekords – 2008
par Splinter, le 13 février 2008
3

Auteurs en 2003 d'un premier album très remarqué, l'excellent No Push Collide, les Anglais de Serafin avaient fait naître de nombreux espoirs chez les amateurs de power pop. Signés à l'époque sur Taste Media, aux côtés notamment de Muse, les quatre post-ado suscitaient des comparaisons flatteuses – on parlait ainsi des Pixies, des Smashing Pumpkins ou encore de Nick Drake - grâce à leurs hymnes survitaminés aux mélodies accrocheuses, tels "Numerical", "Lethargy" ou encore "No Happy", qui cohabitaient avec des titres plus doux et mélancoliques, comme "Peaches from Spain". Le talent de Ben Fox Smith, ancien leader de Stony Sleep, et son énergie communicative en concert laissaient ainsi entrapercevoir un avenir radieux pour ce jeune groupe.

Rien ne s'est pourtant passé comme prévu. Annoncé à l'origine pour la fin de l'année 2004, puis le début de l'année 2005, ce n'est finalement que près de cinq ans après la sortie de No Push Collide que leur second album, To The Teeth, voit le jour. La raison principale et officielle résiderait dans l'imbroglio juridique suscité par le rachat de Taste Media par Warner, qui aurait abouti à la rupture du contrat de Serafin. Pourquoi pas. Mais cette explication ne convainc qu'à moitié. Car édité sur un label confidentiel, Our Rekords, en vente exclusivement sur Internet, réalisé par un groupe dont l'effectif a été bouleversé depuis 2004, ce second album doit faire face à un a priori très négatif et une réputation sulfureuse: et si le résultat n'était tout simplement pas à la hauteur des attentes, ce qui expliquerait les multiples retards ?

La réponse, malheureusement, ne fait aucun doute après plusieurs écoutes attentives et persévérantes : To The Teeth est un disque de rock très moyen, voire par moments insipide, qui se contente de faire du bruit quand son prédécesseur parvenait à marier admirablement les grosses guitares et les refrains puissants. Un exemple parmi tant d'autres, "To the Lost and Found", qui ouvre l'album, surprend par le chant (faux) de Ben Smith et l'absence totale de support mélodique. Les morceaux qui suivent passent sans susciter le moindre intérêt et les jolies balades ont tout simplement disparu ou bien ne surnagent qu'à la fin de morceaux juste acceptables, comme "Snake".

Seule "Key", quatrième piste de l'album, par ses similitudes avec "Day by Day", nous rappelle qu'il s'agit bien d'un album de ce groupe tant apprécié à l'été 2003. Quand on sait que Ben Smith a entamé parallèlement un nouveau projet, acoustique cette fois, intitulé Young Sawbones, on se dit qu'on n'entendra peut-être plus parler de Serafin à l'avenir. Avec ou sans les dents, on reste sur sa faim.