Times
David August
Sortir son disque sur Diynamic en 2013 relève à jouer le tiercé gagnant un soir de pluie. Nouvelle niche « que-vous-devez-absolument-découvrir-si-vous-aimez-la-house-et-les-trucs-qui-groovent-secs » (qui n’en est qu’une de plus à notre humble avis), la structure de Solomun ne fait que grandir en notoriété – l’explosion de Stimming ou Uner ainsi que l’arrivée sur la structure des techno-monstres de Kollektive Turmtrasse n’en sont que des signaux évidents. Cela dit, si vous avez pas mal de chances de croiser les artistes précités dans un club une fois venue l’heure fatale du peak hour, le David August sera probablement coincé dans les quatre murs étriqués de sa chambre pour vous composer des ambiances loin de ces capharnaüms bordéliques et avinés. Car si chaque label à vocation club devait avoir son artiste plus posé, Diynamic aurait – et a, d’ailleurs – David August.
Un jeune bello dont on vante l’éducation classique, le talent pour le piano puis pour le deejaying en bas âge. Bref, le coup de promo bidon qui décrit bien souvent le branleur qui joue avec ses machines pour brasser du vent bien prétentieux et inoffensif – et on te parle d’expérience mon pote. On se passe donc ce Times pour la première fois avec une légère excitation qui n’enlève rien à l’appréhension qu’on a pour ce genre de profil foireux. Pour le dire platement, ça marche plutôt bien, sans avoir à se poser une giclée de questions existentielles sur la nature ou les intentions de ce disque. On se rend compte que ce sentiment, on l’a éprouvé avant pour le récent disque de Nicolas Jaar. Et on n’est pas forcément trop éloignés de la réalité : même manière d’amener ses titres entre deep-house, pop et disco/balearic ; même format taillé pour les après-midi ensoleillés et même dosage entre génie simple et composition de branleur satisfait.
Dans ce lot d’ambiances dissonantes (rajoute les guitares et le chant monocorde), on retrouve pas mal de la mélancolie qu’on avait adoré sur le disque de Frivolous, en moins habité, bien souvent. Il y a aussi le gimmick disco qui enroule le tout, les lignes de basses en embuscade et les claviers cheesy ou aériens. Bref, c’est propre. Surtout si tu as envie de siffler des mojitos et de te dandiner sur place comme un benêt. Si on écarte la mauvaise foi, on pourrait conclure en distant que Times aligne une première moitié de disque absolument magnifique de coulis de fraise dégoulinant, enchaîne sur une volée de titres bien dans la thématique (quoique bien plus anecdotiques) pour finir sur un « Forgive Me If I Bleed » ma foi plutôt magnifique. C’est ici résumée toute la magie et le drame de ce disque : trop long, inégal, mais diablement attachant.