Timber Timbre
Timber Timbre
L'album éponyme de Timber Timbre semble sorti de nulle part. À la base de ce projet folk pour le moment assez méconnu, Taylor Kirk, un Canadien auteur/compositeur/interprète. Méconnu et pourtant, le Canadien n'en est pas à son premier essai, et il est déjà à l'origine de deux opus: Cedar Shakes (sorti en 2006) et Medicinals (en 2007). Il y a quelque chose dans le nouvel album de Timber Timbre qui laisserait presque croire que cet album existe hors du temps et de tout contexte. La musique folk a tendance a être intemporelle, surtout lorsqu'elle est comme ici dépourvue de tout artifice. Ici, le programme est simple: guitare, voix, arrangements légers (claviers, percussions...), et on s'y accroche fermement. Un album ambitieux et simple à la fois, séduisant par ce cocktail parfait d'humilité, de délicatesse et de sensibilité artistique qui le caractérise. La voix rappelle un M.Ward (sans la pente descendante le long de laquelle celui-ci dégringole depuis peu) pour sa chaleur et un Bill Callahan pour son intensité.
Le morceau d'ouverture, "Demon Host" a la trempe d'un morceau de Smog: même son épuré, même désespoir ambiant, même sobriété. Un bel album de folk comme on aimerait sincèrement en entendre plus souvent. Une folk qui ne tombe jamais (ou presque) dans ses mauvais travers. Timber Timbre se contente du minimum syndical sur les arrangements, il ajoute tout juste une légère réverbération sur sa très belle voix, pour accentuer le côté spectral et habité de ses morceaux. L'élan et l'intention de l'album peuvent être lus comme la promesse d'une belle carrière hors du temps. L'album recèle de ce genre de merveilles, comme "We'll Find Out" qui se pare de cordes et des choeurs et se fend d'un beau parlé inspiré. La fibre de certains morceaux, leur essence même rappelle la beauté étrange de certains morceaux du début de la carrière du grand Donovan. "Until the night is over" est un tube envoûtant, répétitif est obsédant, et "Trouble Comes Knocking" est une sorte de blues revisité. "No Bold Villain" vient clore l'album sur une note plutôt romantique et enlevée. L'album est volontairement répétitif, une boucle qui se ferme après huit courts morceaux. Le pari du bel album court est gagné, et on en redemande.