This Old Dog
Mac DeMarco
Depuis qu'il est apparu sur les radars avec sa dégaine de glandeur à l'imparable coolitude, Mac DeMarco a toujours été considéré comme le doux déconneur de la scène indie, le mec qui fait des reprises totalement improbables et improvisées à ses concerts ou qui laisse son adresse à la fin de son Another One en invitant les gens à passer prendre le kawa. Cela fait des années que ça dure, mais des années aussi que Mac DeMarco a le bon goût d'enrober ses couillonnades dans une 'slacker pop' irrésistiblement catchy, souvent caractérisée par un son de guitare qui confine presqu’à l'exotisme.
Mais plus les albums passent, et plus on a le sentiment que le Brooklynite aspire à être reconnu pour ce qu'il est vraiment: un songwriter dont le talent est hautement supérieur à la moyenne. Et le seul moyen qu'il a trouvé pour y arriver, c'est de jouer de plus en plus ouvertement la carte de la sobriété, de racler progressivement le vernis de franche déconnade qu’il avait soigneusement apposé sur pas mal de ses compositions, dont la mélancolie n’était alors que sous-jacente. Et si le mini-album Another One était un premier pas dans cette direction, This Old Dog semble avaliser cette nouvelle approche avec plus de conviction encore. Si on sait Mac DeMarco en bonne santé mentale, on ne peut s’empêcher de tracer un parallèle avec le regretté Dennis Wilson, qui avait pris la tangente chez les Beach Boys pour pondre l’émouvant Pacific Ocean Blue - "If these people want to take this beautiful, happy, spiritual music we've made and all the things we stand for and throw it out the window just because of money, then there's something wrong with the whole thing and I don't want any part of it," disait-il au sujet de son groupe.
Dans le cas de Mac DeMarco, pas de problèmes d'égo ou de billets vert à signaler, mais juste une volonté de vraiment laisser s'exprimer les sentiments dans ce qu’ils ont de plus direct, de plus accessible, et de plus touchant. Cela donne un This Old Dog apaisé et apaisant, qui ne s’autorise que de rares mais brillants déhanchements (« One Another » et « A Wolf Who Wears Sheep Clothes » notamment). Le reste du temps, Mac DeMarco semble évoluer en totale harmonie avec son auditoire, à qui il s’adresse avec une franchise qu’on ne lui connaissait pas, mais qui fait tellement plaisir à entendre.
Désarçonnant lors de premières écoutes, le disque se révèle véritablement avec le temps, et brille par une simplicité qu'on aurait bien tort de confondre avec de la facilité. Plutôt que de virer clown triste et aigri, Mac DeMarco assume totalement sa mue et transforme l'essai avec un album d'une géniale force tranquille. Tchao pantin.