This Gift

Parier sur un artiste Domino, c'est à n'en point douter mettre son argent sur une valeur sûre. En effet, rares sont les artistes signés ou découverts par le label londonien qui ont déçus. De fait, la seule évocation des noms de Franz Ferdinand, Archie Bronson Outfit, Bonnie Prince Billy, ou tout récemment Lightspeed Champion, suffit à justifier cette assertion. En ce qui concerne les Sons & Daughters, ils se sont fait connaître en 2003 avec un premier EP (Love The Cup) qui avait marqué les esprits de ceux qui avaient bien voulu y jeter une oreille bienveillante. En quelques morceaux pleins de promesses et de fougue, ils affichaient toute leur maîtrise d'une formule aussi simple qu'efficace: riffs tranchants, rythmiques sèches et superposition/affrontement de voix masculines et féminines pour un mélange couillu de blues, de country et de folk. Peu de temps après, le quatuor de Glasgow avait enfoncé le clou avec un premier album, The Repulsion Box, qui avait séduit une partie de notre équipe.

Pour This Gift, Adele Bethel, Ailidh Lennon, David Gow et Scott Patterson n’ont que peu modifié leur manière de travailler. En effet, s'il découle toujours des chansons du combo de Glasgow une urgence et une morgue qui vous prennent aux tripes, les sommets de noirceur et de tension atteints sur Love The Cup ou sur les meilleurs titres de The Repulsion Box se font ici moins fréquents. Néanmoins, cette accalmie – dont il est encore impossible de dire si elle est passagère ou définitive – n’empêche pas le groupe de se montrer à la hauteur des attentes et de nous pondre quelques ritournelles aussi enlevées que flamboyantes sur lesquelles il fait bon se laisser guider par ses pulsions les plus primitives. Pour faire court, on peut dire qu'en 2008, la musique des Sons & Daughters est plus sobre et raffinée, moins tranchante et percutante, mais toujours aussi sexy et capiteuse, et des morceaux comme le single "Gilt Complex", "The Bell" ou "Darling" sont là pour le prouver.