There Will Be Blood OST
Jonny Greenwood
Avant même de commencer à déblatérer sur la bande-son de There Will Be Blood réalisée par Jonny Greenwood, il me faut préciser que je ne suis pas le plus grand des cinéphiles. Ainsi, c’est par le plus grand des hasards que je me suis rendu au cinéma pour voir l’œuvre de Paul Thomas Anderson, inspirée d'Oil, un ouvrage à succès signé Upton Sinclair. En dehors du récit, qui met en scène l’histoire d’un chercheur d’or noir peu scrupuleux, There Will Be Blood doit énormément de sa pertinence à une musique s’inscrivant souvent en porte-à-faux de la narration proprement dite. Autrement dit, la bande-son ne colle pas à ce qui se passe à l’écran et parvient, de ce fait, à donner son propre rythme à There Will Be Blood. Bien au-delà même du jugement de goût, il convient de souligner que c’est du grand art. Et même si le film n’a pas remporté l’Oscar de la meilleure bande originale, Jonny Greenwood a quand même été récompensé pour son travail lors de la 58ème Berlinale.
Connu pour être le guitariste de Radiohead, groupe que l’on ne doit plus présenter puisque même la ménagère en a déjà entendu parler (ne fut-ce que via la sortie de In Rainbows), Jonny Greenwood avait par le passé étudié la composition à Oxford. Dès lors, quand sa formation lui laisse quelque peu de temps, l’Anglais n’hésite pas à se lancer de nouveaux défis. Et vu qu’il avait déjà réalisé la bande originale du film Bodysong, il ne faut guère s’étonner de le voir revenir avec There Will Be Blood. Ce qui nous surprend davantage, c’est de le voir nous livrer une musique orchestrale, plus proche de la musique classique contemporaine que de ses précédentes productions. Si une place prépondérante est laissée aux cordes, l’ensemble des onze compositions de cet album ont pour principaux points communs la noirceur et l’emploi de l’atonalité, chère à des compositeurs du vingtième siècle tels que Penderecki ou Messian. En dehors de la qualité musicale, il est clair que l’écoute en salon provoque un effet moindre que dans l’obscurité d’une salle de cinéma. Mais au-delà de ça, cet objet est avant tout réservé aux fans les plus ultras de Radiohead ou de musique contemporaine. Certainement pas à l’amateur d’indie rock lambda.