The Waiting Room

Tindersticks

City Slang – 2016
par Maxime, le 10 avril 2016
7

Un nouveau Tindersticks c'est un peu comme un nouveau Elysian Fields ou un nouveau Lambchop : le plaisir de regoûter à un grand cru qui se bonifie avec les années. On a beau attendre que la formule ne tourne au vinaigre à force de vieillissement en fut, mais chaque album prend un malin plaisir à nous détromper. Bien sûr, à force de boire à la même source on en connait le goût par cœur (ou presque), mais cela n'ôte rien au plaisir de l'écoute.

Pour ce dixième album qui coïncide avec les 20 ans du groupe, les anglais proposent des titres classiques propres à rassurer les familiers que nous sommes : "Where We Once Lovers", légèrement groovy, ou le final "Like Only Lovers Can" tout en langueur. Mais ils ont également rajouté de discrets ingrédients inédits à leur formule, comme dans "Second Chance Man", où fait rare la voix de Stuart A. Staples est légèrement voilée par une brume électronique, ou encore le flegmatique "How He Entered" qui prolonge le spoken word de "Chocolate", le morceau de bravoure du précédent opus The Something Rain.

On notera également deux collaborations très réussies : le sublime "Hey Lucinda" en duo posthume avec Lhasa et "We Are Dreamers" avec Jehnny Beth des Savages, le morceau le plus rock du disque. Trois instrumentaux de toute beauté confèrent une teinte jazzy à l'ensemble : les quelques mesures de corde de l'introductif "Follow me", le magnifique "Fear of Emptiness", peut-être le plus beau moment de l'album, et enfin le plus anecdotique "Planting Holes".

The Waiting Room est donc un dixième album de rock de chambre mâtiné de soul, sans grande surprise mais extrêmement abouti. Un aboutissement dû aux quatre années de travail qu'a nécessité le projet, qui s'accompagne de dix jolis courts métrages, un par titre, chacun tourné par un réalisateur différent, dont évidemment Claire Denis, juste retour de bâton de la part de cette réalisatrice pour laquelle les Tindersticks ont composé pas moins de sept B.O. complètes. Les natifs de Nottingham n'ont à ce jour pas sorti un seul mauvais disque (pas même un moyen), et The Waiting Room confirme cette belle régularité, pour notre plus grand plaisir.