The Trials of Van Occupanther
Midlake
Ma mission, si je l'accepte, tel le Jim Phelps (ou, pour faire plus moderne, le Ethan Hunt) de la chronique indie pop : vous parler du nouvel album de Midlake sans citer une seule référence musicale. Franchement pas évident tant il est classique, pour présenter un nouveau groupe ou, à tout le moins, un groupe peu connu, de tenter de tisser des connexions avec telle ou telle formation que le lecteur est supposé connaître. Et c'est une mission impossible que j'accepte, si j'en crois mes confrères professionnels, qui s'astreignent tous autant qu'ils sont à comparer Midlake à bon nombre de groupes plus ou moins obscurs comme The Zombies, America, Steely Dan, Love, The Flaming Lips ou encore, plus récemment, Grandaddy.
Pour faire simple, Midlake est un groupe texan déjà auteur d'un premier album il y a deux ans, qui n'avait pas reçu que de mauvaises critiques mais qui ne pouvait pas laisser entrapercevoir la qualité exceptionnelle de ce dernier opus. Intitulé The Trials of Van Occupanther, cet album à la pochette hideuse et kitsch appartient à un genre bien précis : l'album-bombe. Oui, une bombe. Le quintet texan mené par Tim Smith a réussi le tour de force en 2006 de concevoir un disque de retropop absolument passionnant, impeccable, addictif, envoûtant.
Quasi album concept centré autour d'un personnage imaginaire, Van Occupanther, ce recueil de onze titres mélancoliques aussi uniques les uns que les autres, renvoie au milieu folk des années soixante ou soixante-dix et à ces disques d'une grande cohérence qui ont bercé l'enfance des plus anciens d'entre vous / nous. Appartenant clairement à cette même veine, The Trials… crée un véritable univers. Situé dans un bourg planté au milieu des montagnes et éloigné de tout ("Roscoe"), à une époque lointaine et marquée par la guerre ("In This Camp"), le disque conte les tranches de vie de quelques villageois : Roscoe, la tante Roslein, une jeune mariée fatiguée ("Young Bride"), de braves gens qui chassent le cerf ("Chasing after Deer") ou qui dorment sous des branches ("Branches").
Ces douces comptines, préparées à l'ancienne et avec un amour de grand-mère, sont autant de ballades inspirées, mélodieuses, chantées de deux voix superposées, sur une musique légèrement datée (claviers old school à l'appui ici et là) mais jamais vieillotte, que Midlake interprète dans un grand élan inspiré. Malgré un certain nombre d'influences (que je ne citerai pas, vous l'aurez compris), Midlake sonne comme aucun autre à l'heure actuelle. Ecoutez les extraits sur leur espace Myspace, vous tomberez immédiatement sous le charme et des morceaux comme "Head Home", "Young Bride" et sa batterie énergisante, ou "We Gathered in Spring" résonneront dans votre tête des nuits durant. Une perle absolue, douce, tendre et clairement l'un des albums de l'année à ne surtout pas manquer.