The Standoffish Cat
Mrs Jynx
Seule représentante de la gent féminine au sein de l’écurie de référence Planet Mu (à l’exception de Mary Anne Hobbs), Mrs Jynx n’en demeure pas moins un personnage aussi troublant que ses homologues masculins. Récemment repérée par Mike Paradinas (boss émérite du label anglais, mieux connu sous le peudonyme µ-Zik), la Mancunienne voue une passion indéfectible aux tendres animaux de compagnie et autres souvenirs enfantins : des chats omniprésents dans son imagerie décalée aux ours en peluche préalablement décharnés, il n’y a effectivement qu’un pas.
Mais avant toute chose, un constat se fait d’office sentir. En effet, dès les premières notes de synthés de « Wooshgone » nous prend l’envie de tourner la tête vers une vieille connaissance précitée : µ-Zik. Et plus encore vers les premières productions de cet énergumène foisonnant et intouchable : véritables recueils acid d’une IDM avant-gardiste et posée, ces premiers essais marquant aux côtés d’autres (Selected Ambient Works 85-92 d’Aphex Twin notamment) marquèrent d’une patte indélébile les premiers émois d’une musique encore jeune par sa naïveté et son insouciance.
Mais revenons-en à notre sujet. Mrs Jynx pratique donc une musique à haut potentiel évasif, transcendée par des pluies de claviers acid molletonnés. La Mancunienne tente avec doigté d’établir les connexions à travers les galaxies, établissant titre après titre un semblant de cartographie intersidérale. S’appuyant pour cela sur des nappes ouateuses et des beats très légèrement concassés (que Boards Of Canada se seraient empressés d’adorer), le tout fait preuve d’une fraîcheur et d’une spontanéité appréciables. Souvent portée par un sens de la mélodie tout naturel, la belle n’a pas son pareil pour tartiner ses ballades électroniques de peinture rose et bleue, pour finalement décrire dans son entier des paysages célestes et lumineux. C’est que haut perchée sur son nuage tout là-haut, Mrs Jynx semble imperturbable et ne garde en ligne de mire que l’accomplissement d’une œuvre fantasque et légère, employant pour cela quelques doubles emplois parfois regrettables.
Mais qu’importent finalement les références parfois grossières aux œuvres prématurées de Mike Paradinas, la qualité est bel et bien au rendez-vous, et bon nombre d’entre vous trouveront dans ces treize pépites (de chocolat) un contenu relevé et ouvert à toutes les incursions. Et même si certains d’entre vous ne ressentent pas le besoin immédiat d’approfondir un contenu qu’ils ne connaissent que trop bien, sachez qu’une piqûre de rappel d’une telle qualité ne se refuse pas. Sobrement, Mrs Jynx impose là un disque classieux et référencé (parfois un peu trop il est vrai) qui témoigne une fois de plus de la très bonne forme du label. A écouter.