The Ruminant Band

Fruit Bats

Sub Pop – 2009
par Jeff, le 23 décembre 2009
7

Et voilà la fin de l'année qui approche. Et comme de bien entendu, c'est le moment où jamais pour ressortir ni vu ni connu ces disques qui prennent la poussière sur l'étagère et auxquels on n'a pas voulu donner la moindre chance pour cause de nom à chier/de manque de temps/de pochette hideuse/d'avis calamiteux de potes influents/de premières écoutes peu concluantes. On va être honnête avec vous, l'esprit de Noël a beau se traduire par une certaine compassion, nombre de galettes n'ont pas survécu à cette séance de rattrapage et se sont vu offrir un aller simple lecteur / poubelle. D'autres par contre l'ont échappé belle, comme ce nouvel album des Fruit Bats – au même titre que les dernières réalisations de Tyondai Braxton et Turzi, dont nous devons absolument vous parler. Mais commençons d'abord par le groupe américain Fruit Bats, signé sur le toujours très bon label Sub Pop.

Troisième album déjà pour la troupe à géométrie variable emmenée par l'infatigable Eric Johnson, qui fait rapidement figure de second couteau de l'indie américain. Bien caché derrière ses modèles (Paul McCartney, Randy Newman, Donovan) et amis (dont Vetiver ou les Shins, qu'il accompagne sur scène), Eric Johnson bénéficie d'un anonymat relatif qui lui permet d'élaborer avec beaucoup de soin une version certes mille fois entendue mais particulièrement ficelée d'une pop douce-amère mâtinée de folk. Vu sous cet angle, on pourrait alors penser que The Ruminant Band est un de ces albums inodores, incolores et insipides comme il en sort des centaines par année. Mais ce serait là sous-estimer le talent de songwriter d'Eric Johnson, qui ne s'est pas retrouvé par la seule opération du Saint-Esprit sur le prestigieux et rarement décevant label Sub Pop. Car derrière une production très artisanale se cache une belle brochette de titres joliment troussés, gorgés de soleil et de bonne humeur, et portés par la voix fluette et délicate d'un Eric Johnson qui imprègne toutes ses compositions de cet amour de la mélodie simple qui fait mouche en quelques écoutes à peine.

On le sait, dans une galaxie musicale où le seul capital sympathie ne suffit plus à faire carrière, les Fruit Bats font en 2009 figure de groupe destiné à satisfaire un public restreint et amateur de plaisirs simples. Et si l'on ne peut s'empêcher de penser qu'en signant les Fruit Bats, le directoire de Sub Pop espérait combler le vide énorme laissé par des Shins en pause carrière après le succès planétaire de Wincing The Night Away, force est de constater que la petite entreprise de Eric Johnson est davantage à classer entre les disques de Throw Me The Statue et Richard Swift, ces artistes discrets dont on attend patiemment le disque majeur qui leur ouvrira les portes d'une reconnaissance bien méritée.