The Pirate's Gospel
Alela Diane
A l’heure où les tops de fin d’année approchent à grands pas, le temps est venu d’évoquer ma dernière claque musicale, celle qui montera d’ici quelques jours sur la plus haute marche du podium. Alors que les albums de Marissa Nadler (Songs III : Bird On The Water) ou de Robin Allender (The Bird And The Word) auraient pu y prétendre, la première place reviendra cette année à l’Américaine Alela Diane dont le premier album, The Pirate’s Gospel, promet de m’accompagner durant de longs mois.
Découverte par le toujours excellent label Fargo, qui l’aura placée sur sa compilation Even Cowgirls Get Blues, Alela Diane est une chanteuse qui, bien qu’âgée de 23 ans à peine, possède tout le talent nécessaire pour se faire une place aux côtés d’une certaine Karen Dalton. Avec son folk atemporel et hanté, cette jeune Californienne au look indien (qu’elle doit en partie, selon elle, à sa meilleure amie Mariee Sioux) livre incontestablement une des meilleures galettes de l’année écoulée. D’un bout à l’autre de The Pirate’s Gospel, c’est la voix d’Alela Diane qui, avec ses accents soul et gospel, se révèle être la plus impressionnante, d’autant plus qu’elle est souvent accompagnée de chœurs (même son cousin de 8 ans s’y est mis), murmures et autres clappements de mains. Quand ce n’est pas Alela elle-même qui se met à siffloter ("Foreign Tongue"). Enregistrées dans le studio du père de la chanteuse durant l’été 2004, les treize compositions peuplant cet album sont autant de petits bijoux taillés dans un folk chétif mais ô combien inspiré. Car si l’instrumentation demeure parcimonieuse, il n’en faut pas davantage à Alela Diane pour nous envoûter avec sa simplicité. Aussi troublante qu’est l’écoute de The Pirate’s Gospel, on imagine aisément que la jeune Américaine puisse intégrer un jour le panthéon des chanteuses folk de légendes, à l’instar donc de Karen Dalton. Avec une pointe de nostalgie, la jeune femme ranime les flammes du passé.
On a beau prétendre que le folk est aujourd’hui à la mode, aussi paradoxal que cela puisse paraître, The Pirate’s Gospel n’a rien de l’esbroufe des productions actuelles. Que du contraire, cet album est d’une pureté déconcertante, bien qu’il faille plusieurs écoutes pour véritablement s’en imprégner. Mais au final, il fait figure d’indispensable de l’année écoulée. Si pas davantage…