The Mystery Lights

The Mystery Lights

Wick – 2016
par Jeff, le 18 juillet 2016
8

Quand on repensera à 2016 et qu’on tentera de dégager ses tendances lourdes en matière de musique, on n’aura pas trop de mal à évoquer l’avènement du rock garage à forte tendance psyché. De fait, il est aujourd’hui tout à fait normal de voir Ty Segall se produire devant des milliers de curieux en festival ou la presse consacrer de longs papiers à King Gizzard & The Lizzard Wizzard ou Thee Oh Sees, là où quelques années plus tôt l’amateur lambda de musique avait bien du mal à citer trois groupes proches des Black Lips. Dans cette optique, beaucoup de labels indé plutôt généralistes et ouverts d’esprit se disent qu’il serait con de ne pas grignoter une petite part du gâteau. Ainsi, chez les revivalistes soul de Daptone (Sharon Jones & The Dap-Kings, Charles Bradley), c’est un nouvel imprint baptisé Wick qui a été spécialement inauguré pour accueillir The Mystery Lights, groupe de new-yorkais qui sort ici son premier album. Un premier album dont on parle finalement peu, mais qui mérite pourtant toute notre attention et pour plein de bonnes raisons.

Concis et crasseux comme il faut, cet album éponyme a tout ce qu’il faut là où il faut - et ça se situe principalement dans les alentours du slip. Certes, un peu à l’image de tous les groupes signés sur Daptone, les mecs ne sont pas venus pour faire avancer le schmilblick mais plutôt pour célébrer un patrimoine avec autant d’enthousiasme que Jean-Pierre Pernaut quand il te parle du championnat de France du pruneau au JT de 13 heures. Le regard vissé sur le rétroviseur, les cinq Américains récitent leurs gammes avec une férocité de surface qui cache difficilement le soin apporté pour faire ressembler l’ensemble au genre de titres que l’on croirait tout droit sortis d’une compilation Nuggets. La brique déposée sur l’accélérateur et le matos analogique bien en place, y’a plus qu’à laisser parler le songwriting. Et là, pas grand chose à ajouter si ce n’est que ça fonctionne admirablement bien : ce rock garage-là a bouffé énormément de soul et de psychotropes, renvoie certes quelques décennies en arrière, mais le fait avec suffisamment de talent et de conviction pour qu’on ne trouve absolument rien à y redire.

Le goût des autres :