The Morning Can Wait
Lucy Lucy
Depuis que des artistes comme Sharko, Ghinzu ou les Girls in Hawaii ont rencontré un succès qui, s’il n’était pas inespéré, était peut-être un peu inattendu, les labels wallons ne ménagent pas leurs efforts pour constituer une nouvelle vague de jeunes pousses prêtes à en découdre avec presse et public et à marcher dans les traces de leurs illustres et médiatisés prédécesseurs. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que la relève n’est pas vraiment au rendez-vous : quand elle n’évolue pas dans un genre confidentiel ou peu porteur (et là on vous renvoie à notre dossier), c’est par un manque d’originalité criant qu’elle pèche – les Tellers étant sur ce point un véritable cas d’école. Et malheureusement, ce n’est pas avec un groupe comme Lucy Lucy que la Wallonie va être en mesure de perpétuer cette image de "terre de musiques".
Mais comprenez-moi bien, je ne suis pas en train de clouer au pilori le groupe bruxellois, qui se faisait encore appeler The Vagabonds il y a peu. Car de bonnes compositions, on en décèle très rapidement sur ce premier EP que l’on n’hésitera pas à qualifier de prometteur. Entre le Beirutisant « Bottom First », un « I Can Give It » qui sonne comme du Libertines acoustique (et donc comme The Tellers) et le pop folk « Clock » taillé pour les ondes, on ne peut pas dire que ces quatre-là sont d’abominables brelles. On leur reprochera plutôt une prise de risques frôlant avec le néant et une production, pourtant signée Fabrice Detry (Austin Lace), souvent trop consensuelle et gentillette. Pourtant, quand sur sa page MySpace, on entend le groupe s'époumoner sur une reprise de l'incandescent "Bad Kids" des Black Lips, on se dit qu’il est capable de s’astreindre de cette image de mouton de Panurge qui lui colle un peu trop à la peau sur The Morning Can Wait. Bref, un peu refroidis par ce premier EP où la forme pose davantage problème que le fond, nous attendrons néanmoins le premier album avec une certaine impatience.